Au moment où la victoire de François Hollande a été annoncée, ma
fille me demandait : «Est-ce qu’il va garder Alain Juppé comme ministre
des affaires étrangères ?» Je lui expliquai longuement pourquoi il ne
pouvait le faire, pérorant sur les familles politiques et les changements
promis par Hollande. «Alors crois-tu qu’il va prendre Laurent Fabius ?»
Pour elle, «il n’y a que lui qui puisse préserver cette prestance, ce sérieux
et cette compétence qu’affiche Alain Juppé». Je lui ai annoncé dès hier la
nomination de Fabius…
La France nouvelle changera-t-elle sa vision de l’Afrique ?
Une chose est sûre : quatre des grands ministères seront concernées, de
près ou de loin, par les rapports avec nos pays. Que ce soit le ministère des
affaires étrangères, celui de la défense, celui de l’intérieur et le ministère
délégué au développement qui prend la place de la coopération. On peut ajouter
l’incidence «mentale» de l’arrivée dans le gouvernement de quelques
personnalités d’origines maghrébines ou encore originaires d’Outre-Mer. Mais revenons
à celui que la petite de seize ans espérait pour remplacer Juppé.
A 65 ans, Laurent Fabius est l’une des valeurs sûres de la France d’aujourd’hui.
Il incarne «une certaine idée de la France». Celui qui considérait en 2004 que la
France «flotte», et qui appelait à relancer le «rayonnement de la France», notamment
par un redéploiement diplomatique qui lui permette de reprendre la place qui
est la sienne.
Indépendance, respect et co-développement. Trois mots qui
permettront à Laurent Fabius de recentrer la politique extérieure de la France et
à l’Afrique de reprendre confiance dans un partenariat possible.
Le premier dossier est certes celui de l’insécurité au Sahel, avec
notamment la recherche d’une solution pour les otages français. C’est le sens
de son entretien avec le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz,
entretien qui a été l’un des premiers actes du nouveau quinquennat. Une manière
de dire aux Français que le Hollande accusé de méconnaitre les dossiers internationaux,
de se lancer immédiatement dans le plus brûlant d’entre ces dossiers, celui du
Sahel.
Autre ministre dont la relation avec l’Afrique et ses peuples sera
mise à contribution pour apaiser le climat malsain entretenu par le sarkozysme
durant toutes ces années, celui de l’intérieur. Les polémiques sur l’immigration
qui ont largement profité au Front National, ont été le fait du ministère de l’intérieur,
un moment avec Brice Hortefeux, un autre avec Guéant. Le nouveau ministre de l’intérieur,
Manuel Valls est à l’opposé des méthodes et des convictions de ces deux hommes.
Un peu le Messie qui va libérer de l’Antéchrist qui a sévi jusqu’à présent.
En fait tout dans le nouveau gouvernement français nous indique la rupture.
La parité d’abord : 17 femmes sur 34 postes. Les ministres issus de l’immigration
et ceux «colorés» d’Outre-Mer. Et, enfin, les premières déclarations du Premier
ministre Jean-Marc Ayrault qui a dit que «c’est l’exemplarité» qui importe en terme de
philosophie dans le nouveau gouvernement. «Je proposerai également une charte
de déontologie pour que les ministres ne mélangent pas les genres». Cette
charte portera notamment sur les conflits d’intérêt et le cumul des mandats, et
chacun devra la signer, a-t-il précisé.
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