Une
chose est sûre : l’affluence sur les opérations d’implantation de l’Union
pour la République est très forte. «Trop forte». Au point de faire douter une
partie de ses responsables sur l’éventualité «d’un complot visant à ridiculiser
le processus». Mais qui a intérêt à faire échouer le processus de renouveau de
l’UPR ?
Les
guerres internes faisaient présager des difficultés pour certains pans du
pouvoir pour lesquels «l’heure de vérité a sonné». L’image du Premier ministre
Yahya Ould Hademine venant s’implanter à Djiguenni, son village natal, n’a pas
lassé de surprendre. C’est la première fois que l’on voit un Premier ministre
se situer «géographiquement» pour marquer «son territoire». C’est que son clan
a besoin d’un engagement politique «supérieur» pour ne pas perdre la face.
Surtout que les résultats du dernier référendum sont encore présents dans les
esprits : c’est bien ici que le taux d’abstention le plus faible du Hodh a
été enregistré et ici que le «oui» a eu le moins d’adhésion.
On
craignait la sécheresse qui devait empêcher la grosse affluence. On craignait
la désaffection du politique en général. Rien de tout ça. Les foules se
rassemblent autour des bureaux d’implantation et s’enregistrer devient un
véritable parcours de combattant. La concurrence entre les factions a fait son
effet : chaque chef de file veut faire la démonstration qu’il est
incontournable.
Quand
le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a lui-même donné le ton en allant
s’inscrire sur les listes, ce fut un signal fort pour dire que «le Parti, c’est
l’avenir». Au moins son avenir à lui. Surtout que les réformes adoptées,
notamment celle instituant un bureau politique comprenant les chefs de
l’Exécutif et du Législatif et présidé par le président du Parti, ces réformes
annonçaient le renforcement de la position du futur président de l’UPR.
C’est
aussi très probablement, à partir des performances durant l’implantation, que
seront déterminées les candidatures à toutes les élections de cette
année : les Législatives et les Locales (municipales et régionales).
Cet
engouement inattendu laisse perplexe, y compris dans les rangs de la Majorité.
En effet la plupart des acteurs avaient parié sur l’échec du processus après
avoir vainement demandé le report sous prétexte que cela n’intéressera
personne. Il n’y avait que le Président Ould Abdel Aziz pour pousser la
Commission ad hoc désignée pour rénover le parti à maintenir les dates. A
présent que l’affluence est celle-là, les mêmes commencent à parier sur le report
du processus dans la phase de désignation des structures de base et des
délégués au congrès. Ce qui, obligatoirement retardera la tenue de ce congrès
prévu initialement pour le 30 avril. La proximité du Ramadan va certainement
bousculer pour précipiter les choses. L’essentiel étant que l’UPR «se
normalise» avant d’aborder les échéances prochaines.
Trois
élections l’attendent aux alentours de septembre 2018. La première, et sans
doute la plus importante est celle qui doit désigner les 156 députés de la nouvelle
Assemblée nationale, unique Chambre depuis la suppression du Sénat. Sur ce
total, 88 sièges sont à pourvoir par la proportionnelle. Ce qui ouvre le jeu
aux plus faibles.
20
sièges sur la Liste nationale, 20 sur celle des femmes, 18 pour Nouakchott, 4
pour Sélibaby, 4 pour Nouadhibou, 4 pour Kaédi, 3 pour Amourj, 3 Tintane, 3
Kobenni, 3 Kiffa, 3 pour M’Bout, et 3 pour Aleg.
Lors
des dernières élections (novembre 2013), au total 64 partis et 13 coalitions
entre formations ont participé à travers 438 listes en compétition pour 147
sièges. Ces sièges étaient répartis comme suit : 89 dans les Moughataas,
20 sur la Liste nationale, 20 sur la Liste des femmes, 18 à Nouakchott.
Avec
62 sièges, l’UPR n’avait pas obtenu une majorité absolue mais était arrivé largement
premier. Obtenant 5 sièges sur la liste des femmes, 4 sur la Liste nationale, 3
à Nouakchott…
Au
niveau des municipalités, il y avait 208 circonscriptions (communes). 47 partis
et 4 coalitions de partis ont participé à la course à travers 1096 listes en
concurrence pou 3726 sièges. L’UPR avait obtenu 2046 sièges, très largement
devant les autres, alliés et concurrents.
Nous
sommes loin de la situation où le parti au pouvoir partait mieux pourvu que les
autres. L’émancipation politique, l’exigence de plus en plus grande de
l’électeur, la performance des outils de surveillance pour assurer la
régularité des scrutins, l’existence d’une CENI à compétences élargies, les
expériences du passé… tout cela crée une atmosphère où la régularité peut être
réalisée. D’où le défi pour le parti au pouvoir qui doit immédiatement faire
face aux mécontentements créés par son implantation.
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