De
plus en plus de réfugiés arrivent du Mali pour s’installer dans le camp de
Mberra non loin de Bassiknou dans le Sud-est mauritanien. Exclusivement des
Peulhs, celle fois-ci. Selon les informations diffusées par les organes de
presse français, ces nouveaux réfugiés fuient l’Armée malienne qui chercherait à
faire payer aux nomades et transhumants de la zone les récentes attaques
sanglantes menées ici et là par des groupes de jeunes issus de l’ethnie peule.
RFI
nous apprend que «des dizaines de femmes et d'enfants sont arrivés en
camion ces derniers jours au camp de Mbera, en Mauritanie. Originaires de Dioura ou Nampala, au sud de Tombouctou,
ces Peuls disent avoir fui des violences contre leurs campements, comme le
raconte le coordinateur des réfugiés qui les a accueillis à Mbera».
C’est la première fois qu’on
enregistre un tel afflux. Cité par RFI, un responsable du HCR (Nouakchott) nous
apprend que «les Peulhs représentaient moins de 1% de la
population. La majorité de la population du camp de Mbera, ce
sont surtout des Arabes, à 50,8% et des Touaregs, qui représentent 48%». Avant d’ajouter que «cet
afflux intervient dans un contexte où on pensait que les choses se
stabilisaient un peu au camp de Mbera et en fait on se rend bien compte
aujourd’hui que la situation est toujours volatile, toujours précaire.» responsables du HCR et ceux des
réfugiés craignent le pire avec la multiplication des actes de violence qui
suscitent les représailles de l’Armée malienne.
«Ils
disent qu’il y a plus de cent personnes arrêtées dans leur zone et qu’il y a
l’armée malienne qui est en train de fouiller leur maison, les torturer, les
frapper, rapporte
le responsable des réfugiés au camp. Et qu’ils sont partis à cause
de cela.» Et d’expliquer à RFI qu’«il y a eu une attaque entre Goundam et Tombouctou,
il y a eu une attaque dans la ville de Bintagoungou,
à Léré. Il y a des attaques
partout».
Cette composante de la population malienne
souffre aussi de la suspicion qu’elle suscite chez les autres ethnies. Les
groupes armés défendant désormais chacun les intérêts de sa communauté, reflètent
dans leurs comportements ce racisme ambiant. Du coup les Peulhs entendent créer
des milices d’autodéfense pour réagir à la discrimination dont ils sont
victimes. Malheureusement, les groupes jihadistes ont largement profité de
cette situation pour recruter dans la jeunesse peule. Les vieux relents du
Jihad sacré du 19ème siècle ont vite refait surface. Ce qui explique
que cette communauté est prise entre mille feux. Les groupes armés –
indépendantistes et miliciens pro gouvernement malien – leur reproche de ne pas
travailler avec eux. Le pouvoir central réprime ce qu’il considère une nouvelle
poche de rébellion. Tandis que les pourparlers de paix ignorent leur situation
particulière.
En somme, si la
situation dans le Nord malien continue de pourrir et si les différentes
factions n’arrivent pas à mettre en œuvre le plan de paix et à embarquer toutes
les populations, la guerre dans la zone pourrait prendre l’aspect d’une guerre
civile. Il sera difficile à ce moment-là d’arrêter la violence.
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