Quand
la Tunisie s’est enflammée à la suite du geste désespérée d’un jeune chômeur,
vendeur à la sauvette de Sidi Bouzid, on en a parlé tout de suite de «la
révolution du jasmin». Le romantisme caractérisait le mouvement spontané de
la jeunesse tunisienne qui se soulevait et qui revendiquait plus de liberté,
plus de dignité, plus de participation… Alors les formules pour désigner ce
mouvement populaire reflétaient nécessairement le côté affectif de l’insurrection.
L’Egypte
suivit de près, la Libye, le Yémen, la Syrie, le Bahreïn… tout l’espace arabe
est rapidement touché par la flamme de l’Espoir avec des fortunes diverses.
Alors on choisira le terme de «printemps arabe» pour désigner l’embrasement
provoqué par la révolte populaire qui gagnait les pays arabes un après l’autre.
D’abord
insurrection sociale, le mouvement est vite récupéré par les forces politiques
les plus dynamiques comme les Frères Musulmans fortement appuyés par le Qatar
et, incidemment, par les Américains. Chaque pays vivra son printemps à sa
manière.
Si
la Tunisie finit par plutôt bien s’en tirer, c’est en partie parce que la
classe politique tunisienne, y compris les Islamistes de Nahda auront refusé le
maximalisme d’une part et d’autre part le recours à l’étranger pour retrouver
les équilibres nécessaires à la stabilisation d’un pays déjà menacé par le
terrorisme et l’extrémisme laïc.
Mais
que dire de l’Egypte, de la Libye, de la Syrie, du Yémen, du Bahreïn, de l’Irak… ?
En
Libye, la France de Sarkozy devait pousser l’OTAN à participer avec elle dans
une guerre dont l’objectif était de tuer Mouammar Kadhafi et détruire le pays
et ses infrastructures. Le leader libyen était devenu une menace pour les
pouvoirs occidentaux surtout pour le Président Nicolas Sarkozy avec lequel il
avait entretenu une amitié particulière et dont il était devenu un soutien.
Mais
la France emportée par son élan guerrier ne s’était pas souciée de l’avenir d’une
Libye détruite par les bombardements qui ne faisaient pas de différences,
explosée sur le plan social déjà fragilisé par l’absence des structures
étatiques. Parce qu’elle avait besoin de combattants locaux, l’agression
extérieure a fait feu de tous bois. C’est ainsi que les combattants d’Al Qaeda
ont été réinsérés pour devenir les chefs de milices qui se battaient
pour le pouvoir. Ils pouvaient désormais se targuer d’une légitimité
révolutionnaire grâce justement à cet opération de blanchiment.
Le
Président Nicolas Sarkozy et son administration n’entendirent que les conseils
de la diplomatie parallèle incarnée par l’un des idéologues du sionisme
français, le philosophe Bernard-Henri Lévy (BHL). Rien des propositions de l’Union
Africaine, rien des avertissements des services français, rien n’arrêtera la
guerre française en Libye.
En
Syrie, la situation prit vite la tournure d’un complot international visant à
balayer rapidement le régime honni de Bachar Al Assad. Les Occidentaux, la France
la première, fermèrent les yeux sur le départ de milliers de combattants
musulmans de leurs pays. En les laissant partir, les gouvernements occidentaux
et leurs alliés de la région espéraient avoir les forces combattantes sur le
terrain et éviter l’envoi de troupes au sol. On sait aujourd’hui ce qu’il en
est. Les échecs répétés de ces Jihadistes et leur hyper-radicalisation ont provoqué
leur retour sur le champ européen. Et cela fait mal, très mal.
Au
moment où les Américains décident d’envoyer des instructeurs au sol, environ
400 pour encadrer et former les milices devant combattre l’Etat islamique
constitué essentiellement de combattants venus de l’extérieur, surtout d’Europe
et d’Amérique.
Ne
parlons pas de l’Irak, du Yémen, du Bahreïn, de l’Egypte… où l’on continue de
mourir gratuitement et en masse. Parce que la politique occidentale dans ces
pays avait pour souci principal la sécurité d’Israël… Il fallait
détruire tous les pays qui pouvaient menacer cette sécurité. C’est fait, ou
presque.
Et le printemps arabe ?
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