Au
début était cette rixe entre éléments de la Gendarmerie et ceux de la Douane au
niveau de l’aéroport de Nouakchott. La rixe était la conséquence d’une forte
concurrence entre les corps assurant la sécurité de l’édifice et du trafic à
l’intérieur. Chacun voulant empiéter sur le domaine de l’autre, on en est
arrivé aux mains entre les chefs des deux corps. Ce qui a mis à nu les défaillances
du système de sécurité mis en place, mais aussi l’irresponsabilité du
commandement auquel était confié la mission. La réaction des autorités avait
été de réaffecter tous les éléments des deux corps se trouvant mêlés aux
échauffourées. Ensuite de reprendre tous les badges d’accès à l’intérieur de
l’aéroport.
Air
France qui, jusque-là, assurait sa sécurité par elle-même – en fait en
collaboration avec un privé mauritanien -, refuse d’obtempérer et exige que ses
agents de contrôle ne soient pas soumis à la décision de restitution des cartes
d’accès. «Personne ne doit être exempté»,
semblent dire les autorités. Un bras de fer s’engage : Air France suspend
ses vols sur Nouakchott. Pendant quelques semaines, aucun avion de la compagnie
française ne se pose dans la capitale mauritanienne. C’est un trafic qui couvre
entre 1000 et 1500 voyageurs par mois qui est affecté.
L’Agence
nationale de l’aviation civile (ANAC) chargée d’appliquer les nouvelles
directives des autorités du pays, engage alors des pourparlers avec Air France.
Un accord est trouvé ces derniers jours. Ce qui n’empêche pas le dernier
conseil des ministres de démettre le directeur général de l’ANAC, Abu Bekr
Eçidiq Ould Mohamed el Hacen qui devient quelque peu le bouc-émissaire de ce
bras de fer derrière lequel s’est profilé a question de sécurité : la
menace sur Air France est de plus en plus précise (voir posting du 6 novembre).
Ould Mohamed el Hacen est arrivé à la tête de
l’ANAC en 2010, alors que la Mauritanie venait d’être inscrite sur la liste
noire des compagnies interdites dans l’espace européen. Le blacklistage de la
Mauritanie avait entraîné le limogeage de son prédécesseur et de son ministre
de l’époque.
En moins de deux ans, la Mauritanie a pu
réhabiliter sa compagnie aérienne et lui ouvrir enfin l’espace international.
Aujourd’hui elle est citée en exemple dans le domaine de la sécurité aérienne
caracolant en tête par rapport à des pays beaucoup mieux pourvus et ayant plus
d’expérience. Cela a coûté des efforts énormes à la partie mauritanienne qui a
finalement réussi le défi de réintégrer les espaces sûrs.
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