On ne peut pas résister à la tentation de commémorer
l’évènement. De se rappeler ce coup porté au cœur de l’Amérique. Même si l’on
se remémore les milliers de morts des tours newyorkaises, on n’a pas le droit
d’oublier les centaines de milliers de morts à la suite de l’expédition
punitive américaine en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Syrie, partout dans
le monde. Je ne parle pas ici des combattants des organisations terroristes,
mais des civils qui ont fini par se compter en centaine de milliers. Mais qui
s’en occupe ?
Il est sûr que la folie meurtrière des Jihadistes d’Al
Qaeda a provoqué la folie guerrière d’une Amérique au summum de son arrogance
et de sa force destructrice.
Treize ans après, nous sommes en droit de nous demander si
le Monde va mieux depuis que l’Amérique a mené cette guerre. Ce ne sont pas les
assassinats ciblés de dirigeants d’Al Qaeda qui ont mis fin à son activité.
Encore moins la mort de son chef historique, Usama Ben Laden. Ce n’est pas la
destruction de l’Afghanistan, puis de l’Irak qui ont circonscrit l’action des
groupes terroristes. Pas un lieu dans le monde qui ne soit sous la menace
aujourd’hui. Pas un ressortissant américain ou occidental en général n’est
véritablement en sécurité en son fort intérieur. En plus de foyers de tensions
multiples.
En Europe, le reflux des combattants jihadistes revenus de
Syrie et du Levant pose un sérieux problème. Il peut même entrainer la remise
en cause des principes de liberté parce qu’il entraine des excès. Dans la
plupart des pays Balkans, dans les républiques islamiques de l’ancienne URSS,
dans les minorités nationales, les frustrations sont telles qu’elles ne peuvent
que s’exprimer avec violence. Un jour ou l’autre.
En Afrique, il y a eu les Shebabs de Somalie, Al Qaeda au
Maghreb Islamique, aujourd’hui Boko Haram… toutes ces organisations sèment la
mort et la désolation. Il faut y ajouter des foyers qui ne manqueront pas
d’alimenter les organisations extrémistes de nouvelles recrues (Centrafrique,
Kenya, Libye, Egypte…). Nous allons vers une guerre globale qui intéresse peu
dans la mesure où elle se déroule en terre africaine. Certes il y a eu les
réactions françaises au Mali et en Centrafrique. Mais ces réactions ont
compliqué les donnes au lieu de trouver des solutions aux problèmes posés.
Mais le plus significatif est ce qui se passe au
Moyen-Orient, avec cette guerre que livre le nouvel Etat Islamique d’Iraq et du
Levant (EIIL). N’est-ce pas là la preuve de l’échec patent de la politique
américaine dans la région ? Après des années d’occupation, de lutte contre
les groupes terroristes, l’Armée américaine s’est retirée en laissant derrière
elle un pays éclaté, divisé en mille factions. En laissant surtout un groupe
qu’elle a soutenu et armé dans un premier temps, et qui nargue aujourd’hui la
communauté internationale. Ce groupe, l’EIIL n’a dérangé que quand il a
commencé à s’attaquer aux minorités chrétiennes et yazidies. Pourtant, il a
commencé par assassiner les Sunnites et les Chiites d’Irak. Mais cela ne
dérangeait personne. Il a tué en Syrie où il a bénéficié d’une complicité
certaine des alliés des Etats Unis.
Treize après les premières expéditions punitives des
Tuniques bleues, la situation n’a fait qu’empirer. Moins de deux ans après leur
retrait historique d’Irak, les «boys» sont obligés de revenir sur les
lieux pour soi-disant finir le travail. Un cercle vicieux, très vicieux
d’ailleurs. Tant que les Américains sont là, les guérillas se nourriront de
cette présence.
La même logique qui a fait intervenir une nouvelle fois les
Américains en Irak, devait ramener l’OTAN en Libye. Ce pays dont la destruction
a été assurée par l’organisation militaire occidentale sous la pression de la
France. Ce pays aujourd’hui en proie à la guerre civile et au bord de
l’effondrement. où est passé le Messie Bernard-Henry Lévy ? où sont
passées les envolées lyriques de l’époque ? où est passé l’amour pour la
Libye et son peuple ?
…Le 11 septembre 2001, quelques dix-neuf personnes – toutes
formées en Occident – orchestrent un coup sans précédent. Leur acte inconsidéré
allait servir à l’Amérique de George W. Bush, en mal de légitimité, pour
imposer un nouvel ordre qui s’avérera un désordre, une sorte de dérèglement du
Monde et de ses mécanismes.
Cet acte a aussi été une catastrophe pour les Musulmans.
Ces gens ont tué plus de Musulmans que de Chrétiens ou de Juifs. Ils ont mis en
quarantaine une communauté, contribuant à la stigmatiser partout où elle se
trouve.
Ces gens n’avaient rien à
proposer, n’ont toujours rien à proposer que la mort comme projet. Ils ne
pouvaient pas, ne peuvent toujours pas incarner l’espoir. Ils sont juste une
justification de légitimation d’une violence aveugle exercée par les plus
forts, les plus riches, ceux qui, depuis trois siècles pillent, tuent,
exploitent, détruisent sans discernement.
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