Je l’ai connu en 2004 à Paris où je l’ai
rencontré pour la première fois par l’entremise de mon ami Diop Moustapha, l’ancien
chef de la Marine, ancien directeur de la Sûreté du temps de Ould Haidalla,
devenu opérateur dans le secteur des pêches, à l’époque activiste politique
persécuté par le régime policier de Ould Taya. Entre Diop et moi, une forte
affinité s’était établie, occultant tout ce qui nous séparait et qui a fini par
ne plus compter, tellement la relation personnelle et l’affection qui la
nourrissait prenaient le dessus. «L’ami de ton ami est ton ami…»
Les deux hommes venaient de lancer le projet de
la plate-forme CRIDEM et ils me démarchaient pour avoir mon soutien et la
permission de publier mes textes. Je ne pouvais pas refuser.
Le soutien, parce que je suis un fervent militant
de la liberté d’expression et je voyais dans l’arrivée sur la scène médiatique
d’un portail comme CRIDEM, une chance de développer la presse et de la protéger
contre les représailles du gouvernement. La permission de publier mes textes,
parce que cela me permettra d’avoir un espace de plus.
Diop Moustapha me raconta les liens très forts
entre les «enfants de troupes», me parla des colonels Eli Ould Mohamed
Val, Baby Housseinou… Je les taquinais en les accusant d’agir comme s’il s’agissait
d’une loge maçonnique, lui préférait parler de «fratrie». Je comprendrai
plus tard qu’il s’agit de relations humaines profondes comme il est difficile d’en
trouver en ces temps troubles de déshumanisation généralisée des rapports.
Ma relation avec Claude K. passait nécessairement
par le filtre Diop Moustapha, plus tard, beaucoup plus tard, un autre ami
essayera de nous rapprocher quand je lui reprochais de laisser passer des
insultes et de la diffamation sous formes de commentaires des textes repris par
son site. Malgré toutes les divergences qui nous séparaient, malgré le peu de
contact direct qu’on avait, j’ai toujours respecté en Claude K. cette volonté de
trouver une place dans un environnement hostile qu’il a fini par s’approprier
en devenant un fils du pays par une alliance matrimoniale qui légitimait
parfaitement sa mauritanisation. Il est devenu l’un des nôtres, quelqu’un d’incontournable
dans l’espace médiatique de ce pays. Il avait sa place dans nos cœurs, une
place qu’il a conquise lui-même. On avait fini par le chercher à toutes les
occasions publiques (c’est bien parce que je ne l’avais pas vu à deux
circonstances politiques publiques que j’ai demandé pour apprendre qu’il était
malade).
A sa famille d’ici et de
France, à ses amis et compagnons qui sont devenus ses frères, à tous nos
confrères de CRIDEM, je présente mes condoléances les plus attristées.
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