Le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a nommé son
staff de campagne. La campagne nationale sera dirigée par Sidi Ould Salem,
ancien ministre des finances du gouvernement d’union nationale de juillet 2009.
Cadre du Rassemblement des forces démocratiques qu’il a quitté momentanément en
2004, avant d’y revenir comme beaucoup d’autres au lendemain du coup d’Etat du
3 août 2005, Ould Salem est connu pour son activisme dans la jeunesse opposante
au régime de Ould Taya dans les années 90 et 2000. Sans appartenir au Mouvement
des démocrates indépendants (MDI), il a longtemps flirté avec cette jeunesse
libérale et laïque. Ses tendances profondément religieuses sont certainement à
l’origine de sa réserve vis-à-vis du groupe. On lui retient aussi son
militantisme anti-esclavagiste dans le Nord dont il est originaire (FDérick,
Zouérate, Atar). C’est surtout son passage à la direction de la SOCOGIM qui lui
a valu certaines suspicions de malversations de la part de ses détracteurs. A l’époque,
ses proches accusaient les généraux d’avoir orchestré la machination qui avait
abouti au passage fortement médiatisé de l’Inspection générale à la SOCOGIM.
Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed,
ministre de l’intérieur de Ould Taya au moment du coup d’Eta d’août 2005, seconde
Ould Salem à la direction nationale de campagne. Administrateur chevronné,
commis de l’Etat, homme ouvert aux politiques, Ould Cheikh Ahmed a ses réseaux
et sa connaissance du terrain qui sera d’une grande utilité à ce moment précis
de l’histoire du pays. Il est chargé de la coordination générale de la
campagne.
Nani Ould Chrouqa, actuel ministre des pêches et
chargé des opérations électorales, est choisi pour ses compétences techniques
informatiques. Directeur de cabinet du Premier ministre Zeine Ould Zeidane, il
a été président de l’Autorité de régulation, poste qui a été pour lui l’occasion
de révolutionner le secteur.
Ba Ousmane, actuel ministre de l’éducation,
longtemps ministre secrétaire général du gouvernement, est bien indiqué pour s’occuper
du matériel. Le notable politique, alerte et adroit, fait donc partie de la
direction de campagne du Président sortant.
Mout’ha Mint el Haj dirige les relations
extérieures de la campagne. Professeur de son état, Mint El Haj a gravi les
échelons de l’activité politique, elle qui est née dans un milieu cosmopolite
et ouvert. Ce sont surtout ces atouts-là qui lui serviront dans sa nouvelle
mission à 100% politique.
Sidi Ould Tah, ministre des affaires économiques
et du développement, est désigné pour diriger la campagne de Nouakchott. Il aura
à relever le défi du taux de participation dans une ville naturellement «indifférente»
sinon opposante au pouvoir en place.
Les autres membres du directoire de campagne sont
moins connus ou ont moins d’expérience si l’on excepte l’ancien député d’Aleg,
Hussein Ould Ahmed el Hady.
Avec cette nomination du staff de campagne la
probabilité d’un report des élections s’éloigne définitivement. D’ailleurs, même
si elle est fortement médiatisée, elle reste peu probable. A quoi cela sert un
report ? Ceux du FNDU ne participeront pas de toutes les façons, quelles
que soient les concessions. Parce que les partis politiques n’y ont pas intérêt
et parce qu’il sera difficile pour le rassemblement de survivre à une telle
décision (celle de participer). Le président Messaoud Ould Boulkheir ne peut
plus – moralement du moins – se présenter lui qui dirige le Conseil économique
et social où il a été nommé par décret présidentiel.
L’idée d’«élections consensuelles» relève
de situations exceptionnelles, alors que le pays a quand même fait du chemin sur
la voie de la démocratisation. Toute concession à cette opposition incapable d’apprécier
les situations à leur juste valeur, peut être perçue comme une sorte de «prime
à l’agitation» et ne peut en aucun servir la démocratie qui est d’abord l’expression
d’un rapport de force où les protagonistes doivent accepter les règles tout en
cherchant à les améliorer.
Par contre, si les
élections présidentielles se déroulent, rien n’empêche les autorités d’engager
de nouveaux pourparlers qui auront alors pour but d’ouvrir le jeu à tout le
monde en reprenant les élections locales et en désignant de nouvelles instances
pour superviser les opérations électorales. Tout le monde y trouvera son compte :
le pouvoir en dépassant la crise de reconnaissance, l’opposition radicale en s’ouvrant
à nouveau les portes de l’Assemblée et des conseils municipaux.
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