Une rediffusion d’un meeting visiblement organisé
par Tawaçoul avec la participation des leaders du Forum national pour la
démocratie et l’unité (FNDU). A un moment, le président du parti islamiste
Jamil Mansour prend la parole. Très à l’aise comme à son habitude, il trouve
utile de présenter les leaders un à un : nom, prénoms et fonctions. Il
commence par Moustpha Ould Abdeiderrahmane, président du Renouveau démocratique
(RD) et termine par
l’Ambassadeur Mohamed Said Ould Hommodi président
du Manifeste des Haratines.
Une vingtaine de personnes, peut-être un peu plus
sont citées une à une. Quelques remarques.
On comprend que l’exercice, original en quelque
sorte, visait à «installer» ces leaders dans l’atmosphère
Tawaçoul : l’annonce de chaque nom est suivie d’applaudissements plus ou
moins forts (c’est Salah Ould Hanenna de Hatem, le putschiste de 2003, qui
gagne à l’applaudimètre). Une manière de galvaniser la foule présente. Une
manière aussi de dire que «tout le monde est là».
Mais l’exercice était maladroit. Il est la preuve
d’abord que ces leaders pourraient être mal connus par les militants de
Tawaçoul. Alors qu’à entendre les noms des «nominés», il n’y a aucun
inconnu dans le tas. Au contraire.
Il y a la catégorie des dirigeants politiques
ayant fait leurs armes à l’ombre de tous les pouvoirs qui ont régné en maîtres
absolus sur le pays les décennies passées. Manipulateurs, acteurs directs, ils
ont été impliqués – et fortement impliqués – dans la gestion du pays durant
toute la période qui a précédé le coup d’Etat de 2008. Ils ont été parfois des
inspirateurs, parfois des bras pour les pouvoirs qui se sont succédés en
Mauritanie. Est-il utile de souligner que la future présidentielle, sera la
première du genre où certains d’entre ces grandes personnalités ne seront pas
aux premières loges (dirigeant campagnes et communication) ? Toutes les
présidentielles ont vu ces «cadres» mettre leurs compétences au service
des «présidents sortants», leur dénichant les belles formules pour
aborder les campagnes, écrivant de belles tirades pour fustiger leurs
protagonistes (parfois les diaboliser). C’est donc la première fois qu’ils
seront mis hors d’état de …servir. C’est peut-être tant mieux.
Il y a la catégorie des activistes dont les
parcours n’ont jamais été aussi clairs et tranchants. Ils sont les «funambules»
de la politique. Leurs positionnements ont découlé de la conscience chez eux de
l’obligation de toujours s’adosser à un pouvoir parce qu’ils désespèrent de
l’exercer directement. Ceux-là ont eu l’intelligence de ne pas se compromettre
ouvertement avec les pouvoirs, de prendre des risques en dénonçant certains
excès tout en «calmant le jeu» quand cela pouvait servir à se rapprocher
un peu plus du cœur du pouvoir.
Il y a la catégorie des militants des
groupuscules qui ont été orientés vers l’activité syndicale ou le travail dans
la société civile. Ils sont un peu les «officiers traitant» pour le
compte de leurs formations politiques d’origine. Intimement liés à elles, ils
ont inféodé syndicats et ONG aux groupes politiques.
Il y a la catégorie des opposants «historiques»
qui ont suivi des parcours chaotiques tout en restant quand même de forts
symboles. C’est le cas du président Ahmed Ould Daddah qui se trouve noyé au
milieu d’un «monde politique» qui a été pour beaucoup dans ses échecs,
ses erreurs d’appréciation, sa diabolisation aux yeux de l’opinion publique, la
réduction de son rôle comme «chef de file de l’opposition» (avec les
modifications apportées au Statut de l’Institution de l’opposition démocratique),
sa relégation à la troisième place aux élections de 2009… Pas un homme cité ce
jour-là qui ne doit pas des excuses au chef du Rassemblement des forces démocratiques.
A gauche, ceux qui l’ont présenté comme étant le Mal en 1992, à droite ceux qui
lui ont volé son destin de président en 2007, au centre ceux qui lui ont refusé
d’être le candidat unique de l’opposition, un peu partout ceux qui ont
manigancé pour lui barrer toutes les routes… même les plus secondaires.
Même aujourd’hui, ce rassemblement qu’est le FNDU
a vite pris l’allure d’une manœuvre visant à mettre hors jeu le leader Ould
Daddah qui, le comprenant, avait d’abord refusé d’y prendre part, puis accepté
avec les conditions qu’on sait (prise de parole à l’ouverture, interdiction
d’inscrire la question du candidat unique à l’ordre du jour…). Le «noyer»
aujourd’hui au milieu d’un parterre d’hommes politiques qui ont tous travaillé
contre lui, c’est un peu le banaliser et en faire «un homme politique comme
les autres»…
Il y a enfin la catégorie des «personnalités
indépendantes» qui tentent de faire oublier leurs engagements politiques en
s’inscrivant sous ce label. Bénéficiant d’un certain respect, ils sont pour la
plupart d’anciens cadres, hauts fonctionnaires ayant évité la politique – s’ils
n’étaient pas franchement au service comme les autres – et ayant eu des
ambitions «présidentielles» à un moment de leurs vies.
Une question :
qu’est-ce qui unit tout ce monde en dehors de la haine de Ould Abdel
Aziz ?
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