«Touche pas à ma nationalité» (TPMN) est un mouvement né en
2011 des dénonciations des dysfonctionnements qui ont marqué le début de
l’opération de l’enrôlement lancée par l’Agence d’enrôlement et de sécurisation
des documents personnels. Des excès et des dérives, il y en bien eu. D’ailleurs
reconnus par les autorités qui ont vite accepté de revoir les procédés. Ce
recul a fait suite aux manifestations violentes qui ont eu lieu d’abord à
Nouakchott ensuite à l’intérieur du pays. Notamment à Maghama (Gorgol) où la
mort du jeune Lamine Mangane donnera un cachet tragique à la contestation.
Le mouvement devient vite un cadre politique dont les animateurs
entendent développer pour transformer probablement en parti. On passe d’une
revendication sociale et humanitaire (reconnaissance des droits) à un cadre
politique qui reprend toute le spectre de la revendication autour de la
question négro-africaine. En cela il devient le concurrent direct des partis et
mouvements qui se réclament de la même inspiration : PLEJ, AJD/MR, MPR,
FLAM… Ce qui lui crée de nombreuses inimités dans l’espace politique.
«On» finit par en donner une idée, celle d’un mouvement
sectaire que son chef, Abdoul Birane Wane essaye d’utiliser comme tremplin sur
une scène déjà envahie par des «ainés» qui n’entendent pas se démettre.
Dans cette course à la représentativité, c’est à celui qui est le plus
vindicatif, le plus violent dans ses propos et le plus sectaire dans sa vision.
Jusque-là rien qui dérange vraiment dans la mesure où le discours, d’où qu’il
vienne, reste marginal et qu’il est, comme tout discours sectaire, voué à rester
un épiphénomène même s’il réussit à capter toutes les attentions, notamment
celle des médias attirés par la virulence du ton.
Il y a quelques jours, le Président Ould Abdel
Aziz reconnaissait devant les journalistes, le non fondé de certaines
revendications sectaires en ces termes : «Ceux qui réclament des droits au nom de certaines franges
sociales, est -ce qu'ils les représentent réellement, ou seulement agissent-ils
pour leur compte personnel ? Quoi qu'il en soit, ces activistes font la
confusion entre le politique et l'humanitaire». Concluant quand même qu’«il s'agit là d'une
manifestation du climat de liberté qui règne dans le pays». C’est tant
mieux si l’entrevue qu’il vient d’accorder à Abdoul Birane Wane peut servir à
apaiser le discours, à rassurer le chef de TPMN sur les intensions futures du
pouvoir sur la question… A la veille d’une élection dont les contours restent
mal définis et dont les protagonistes sont encore à dénicher, il y a lieu de
ratisser large. Quitte à choquer les plus conservateurs des partisans.
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