En route vers l’Afrique du Sud, Johannesburg précisément, l’avion
présidentiel fait une longue escale à Malabo, la capitale de la Guinée Equatoriale.
Il est accueille par Teodoro Obiang Nguema, le très contesté président de cette
riche République d’Afrique équatoriale.
On nous explique que le temps que prennent les entretiens s’explique
par la tenue prochaine d’un sommet de l’Union Africaine à Malabo. Ce sera aux
environs du 26 juin prochain. C’est pourquoi l’élection présidentielle en
Mauritanie devra être organisée bien avant. «C’est un Président élu qui doit
présider ce sommet». La subite richesse pétrolière a permis la construction
d’une capitale moderne qu’on peut contempler de loin. Le Président Nguema,
pourtant décrié par ses opposants, a lancé la construction de 10.000 logements
sociaux, en plus de routes, d’hôpitaux et d’aéroports modernes.
Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz accomplit ici l’une de ses
missions africaines, celle de discuter avec les autorités du pays hôte du
prochain sommet. Chaque année, l’UA tient deux sommets. Le premier en janvier
nécessairement à Addis-Abeba, le second en juin dans l’un des pays qui accepte
de le recevoir. La Guinée Equatoriale trouve dans la réception des Chefs d’Etats
africains, l’occasion de sortir de son isolement et d’embellir son image le
temps d’un sommet.
La présidence de l’UA est une aubaine pour la Mauritanie qui a
besoin de renouer avec ses versants africains du Sud. Une manière de redorer sa
diplomatie sur l’échiquier africain et de reprendre sa place au sein de son
environnement géopolitique. La vocation première de la Mauritanie originelle
était d’être un trait-d’union entre l’Afrique au nord du Sahara et celle au
sud. Elle a perdu cette vocation à la suite de politiques hasardeuses qui ont
conduit au renoncement à notre appartenance africaine par la sortie de la
CEDEAO et à celle arabe par l’établissement de relations diplomatiques
privilégiées avec Israël.
«Ni africaine, ni arabe» telle fut la conséquence pour la
Mauritanie de cette diplomatie sans objet. Notre pays tournait ainsi le dos à
ses voisins, ce qui signifiait un déracinement qui allait contribuer à approfondir
le trauma social et psychique dont on n’arrive difficilement à nous guérir. Ce qui
a été fait pendant une trentaine d’années – depuis 1978 et qui s’est intensifié
à partir de 1980 prenant une tournure particulière à partir de 1989 -, cela
devait avoir un impact profond sur les Mauritaniens qui ont perdu une grande
partie de leurs repères.
On veut bien pouvoir oublier que le Royaume frère du Maroc était
inscrit sur les passeports comme destination interdite au même titre qu’Israël.
Que la Mauritanie et le Sénégal sont entrés dans une guerre larvée qui aura
duré près de deux ans et qui a conduit à l’expulsion de dizaines de milliers de
citoyens de part et d’autre et, plus grave, les autorités de l’époque en ont
profité pour engager une épuration ethnique visant les habitants de la Vallée
du fleuve dont des milliers se retrouveront renvoyés et dépossédés de leurs
biens. Que la Mauritanie a soutenu l’occupation du Koweït, célébré les attaques
irakiennes contre l’Arabie Saoudite (Khafji), avant de se retourner contre l’Irak
de Saddam Hussein. Que Nouakchott a vu flotter pendant quelques années le
drapeau israélien malgré tout le mal fait à nos frères de Palestine. Que le
ministre des affaires étrangères d’Israël, le très extrémiste Sylvain Shalom a
été reçu en grande pompe chez nous…
On veut bien oublier, mais c’est impossible…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire