Alors que l’on se relève à peine des effets de la
secousse lundi, l’Union pour la République (UPR) change de président et de
vice-président. Le Conseil national se transforme en Congrès extraordinaire –
comme dans le temps du PRDS qui a fini par ne plus organiser de congrès
ordinaire. Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine est remplacé à la présidence du
parti par Isselkou Ould Ahmed Izidbih, l’ancien directeur de cabinet du
Président, ancien ministre, ancien Recteur de l’Université de Nouakchott. Tandis
que Me Sidi Mohamed Ould Maham, actuel ministre de la communication, remplace
Mohamed Yahya Ould Horma à la vice-présidence.
Il est facile de chercher une explication de la
mise à l’écart l’ancienne direction du parti qui ferait suite à la «mauvaise
prestation» de l’UPR au cours des dernières élections législatives et
municipales. Une appréciation qu’on peut discuter si l’on prend en compte deux
données : 1. L’interférence dans les choix des candidats qui ont
finalement ignoré les directives du parti, les premières listes ayant été
largement remaniées avant de les présenter ; 2. L’encouragement par
les hauts responsables (Président et ministres) de candidatures «rebelles»
sous les couleurs de partis inféodés.
Malgré tout ce qui a été fait, l’UPR a fini par
gagner une Majorité absolue à l’Assemblée nationale et environ 43% des conseils
municipaux. Ce qui n’est pas peu. Pourtant, dès la mise en place des nouvelles
structures de l’Assemblée, le mécontentement vis-à-vis de la direction du parti
était visible. Son président, Ould Mohamed Lemine ne devient pas président de l’Assemblée
nationale, c’est son conseiller Ould Boilil qui le devient alors qu’il n’aurait
jamais eu de carte d’adhésion à l’UPR. Il n’est pas non plus président du
groupe parlementaire de l’UPR, c’est Mohamed el Mokhtar Ould Zamel qui le
devient. Et quand est nommé le gouvernement, il est vidé de tous les
responsables UPR : le vice-président Ould Horma, le secrétaire général
Oumar Ould Maatalla et la responsable des femmes Mint Vergès.
C’est pourquoi le remplacement de Ould Mohamed
Lemine était attendu. Tout comme celui de son vice-président Ould Horma désigné
récemment à la tête de l’Autorité de Régulation. Ce n’est pas l’explication
officielle car on vient bien croire qu’il s’agit d’une évolution «normale»
du parti qui a atteint l’âge de la maturité avec ses résultats aux dernières
élections. Donc le moment de désigner Isselkou Ould Ahmed Izidbih, antipode de
Ould Mohamed Lemine. Ancien militant gauchiste, puis membre de la direction de
l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP) du temps de feu Hamdi Ould
Mouknass, il rejoint les rangs du Rassemblement des forces démocratiques (RFD)
et soutient le candidat Ahmed Ould Daddah. Il devient Recteur de l’Université
pour son cursus et ses compétences. Le «clash» avec les syndicats affiliés
aux Islamistes est immédiat. Il est dans la ligne de mire de la mouvance et le
lui rend bien.
La guerre ouverte prend une tournure beaucoup
plus prononcée quand Ould Ahmed Izidbih est nommé directeur de cabinet du
Président de la République. C’est pourquoi sa nomination à la tête du parti UPR
est sentie comme une pointe de plus dans la guerre que le pouvoir semble
vouloir engager contre la mouvance islamiste (Tawaçoul et ses démembrements
supposés ou réels). Quelles que soient les raisons «cachées» de cette
nomination, on notera que le changement intervient quelques semaines avant l’élection
présidentielle. En effet c’est le 21 avril que le collège électoral sera
convoqué alors que la CENI a fait une première proposition pour le premier tour
qu’elle veut fixer au 21 juin.
On ne semble pas
cependant pressé : le temps passe alors que les délais légaux des mesures
à prendre se contractent, le renouvellement des listes électorales doit par
exemple se faire trois mois avant ; si les approches faites par le Premier
vis-à-vis des partis en vue d’une concertation autour de l’élection «consensuelle»
et si le résultat du forum doit avoir une suite, il va falloir s’engager
rapidement car les délais de la présidentielle sont fixées par la Constitution…
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