Lorsqu’il
est nommé en août 2008 par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, Dr Moulaye Ould
Mohamed Laghdaf est inconnu du sérail politique mauritanien. On lui connait
juste un engagement au Rassemblement des forces démocratiques, plus pour le
leader de ce parti que pour le parti lui-même. Cette première «sortie»
politique lui vaut d’être nommé Ambassadeur à Bruxelles. Elle lui vaut aussi
d’être dans les bouches chaque fois qu’il est question de nommer un nouveau
Premier ministre. Il est même cité au moment où le Président Sidi Ould Cheikh
Abdallahi prend les rennes du pouvoir.
En
août 2008, il arrive et prend fonction dans une lourde atmosphère caractérisée
par le refus du coup d’Etat aussi bien sur le plan national qu’international.
Il réussit quand même à participer à faire passer le cap. C’est à lui qu’est
confiée la direction du gouvernement d’union nationale issu de l’Accord de
Dakar.
Cette
mise en avant lui permet de faire ses preuves en matière de négociations et de
mise en œuvre d’une entente politique comme celle que fut l’Accord de Dakar.
Jusqu’à maintenant, il est tenue responsable par l’un des Pôles politiques de
la manœuvre qui a permis au pouvoir de l’époque de ne pas se laisser bloquer
par les résistances des autres parties : le fameux décret gouvernemental
convoquant le collège électoral pour le 18 juillet 2009.
C’est
naturellement lui qui est choisi par le Président Mohamed Ould Abdel Aziz,
nouvellement élu pour diriger le gouvernement d’après élections. Il connait une
grande stabilité malgré ses difficultés à imposer son autorité aux membres de
son gouvernement. Certains ministres devaient beaucoup compter sur la
proximité, supposée ou réelle, avec le Président Ould Abdel Aziz. Ils
estimaient ne rien devoir au Premier ministre : entre ne rien devoir au
Premier ministre et vouloir se passer de lui en établissant des relations
directes avec la Présidence, le pas est vite franchi. Ils vont être vidés un à
un et les derniers d’entre eux durent se plier pour ne pas avoir à payer «l’insolence».
Refaire
le parcours de l’homme Ould Mohamed Laghdaf permet d’anticiper sur ce qui va
suivre : est-il le plus indiqué pour engager un dialogue avec les
oppositions (elles sont plusieurs nuances) ? a-t-il la marge de manœuvre
nécessaire pour rassurer sur un futur partenariat ? jusqu’où peut-il
aller ?
On peut diverger dans les appréciations et dans les
compréhensions du moment, mais une chose est sûre : jusque-là ceux qui ont
eu à discuter avec Ould Mohamed Laghdaf parmi les politiques sont plutôt
confiants, au moins «satisfaits». Certains vont loin dans leurs
commentaires pour dire son «engagement très fort et sa volonté d’arriver
à une élection consensuelle». L’art de la politique, le grand art, ne
s’exprime que quand il s’agit de diriger des négociations et de les faire
aboutir. Le leadership ne consiste pas seulement à diriger une équipe acquise,
mais aussi et surtout à pouvoir faire converger différents avis, différents
points de vue. C’est le grand défi pour Ould Mohamed Laghdaf, saura-t-il le
relever ?
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