«Un pschitt», c’est bien ce qui est
arrivé avec la déclaration faite par Noël Mamère, il y a plus d’un an. Tout commence
quand, au détour d’une sortie sur l’intervention française au Mali dans le
cadre d’une émission sur Arte, le député Europe
Ecologie Les Verts s’en prend violemment au président mauritanien : «Est-ce que vous imaginez que les Jihadistes
vont disparaitre et qu’ils ne vont pas se réfugier… en Mauritanie où il y a un
président qui est le parrain d’un trafic de drogue par exemple ?». Nous
sommes le 21 janvier 2013 et l’opération Serval est déjà engagée.
En
Mauritanie où l’opposition venait de clore un cycle de manifestations exigeant
le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz du pouvoir, voit dans ces déclarations une
possibilité nouvelle de rendre fructueuse son action. Le 14 février, la
Coordination de l’opposition démocratique (COD) publie un violent communiqué où
l’on marque «la consternation» face
au silence du pouvoir avant de faire siennes les accusations de Noël Mamère.
Poussé
par on ne sait quelle inspiration, le député EELV réitère ses accusations à travers une interview chez nos
confrères d’un site de la place. Sans doute croyant que l’affaire n’aura pas de
suite.
Le
6 mars 2013, le Président Ould Abdel Aziz porte plainte pour diffamation. De peur
de se voir condamné par les tribunaux, le député français s’est très vite lancé
dans des tractations en vue de trouver une sortie, lui qui ne pouvait en aucun
cas produire de preuves pour les graves accusations formulées.
Tout
le monde sait en effet que les grosses prises suivies du démantèlement des
réseaux de trafic en Mauritanie, n’ont intervenu qu’au lendemain du 3 août
2005. Tellement évident que l’on avançait une explication : les
couvertures qui servaient aux réseaux et leur assuraient l’impunité avaient
perdu la main. Et pour cause, les deux colonels artisans du coup d’Etat dirigent
désormais le système de sécurité : Mohamed Ould Abdel Aziz qui devient l’homme
fort de la junte et Mohamed Ould Ghazwani qui est lui à la Sûreté nationale.
2006 et 2007 connaitront la plus grande campagne contre le trafic de drogue et
celui des armes. A partir de 2008, la guerre sera menée aux Jihadistes de AQMI
en même temps qu’aux réseaux transfrontaliers. Il suffit de voir les quantités
saisies et le nombre d’opérations menées au cours de ces années pour savoir que
le député français a parlé sans savoir de quoi il s’agit.
D’ailleurs,
il va essayer de revenir sur ses propos en disant qu’il a «évoqué le président mauritanien, sans doute abusivement, comme j’aurai
pu dire tchadien, malien ou algérien tant je ne visais pas l’homme lui-même
mais plutôt les dysfonctionnements des appareils judiciaires, y compris chez
nous en Europe, qui laissent parfois échapper les gros poissons mafieux. Mon propos
n’avait pas vocation à stigmatiser le président mauritanien dans sa personne».
Que
de mépris vis-à-vis des présidents africains exprimé aussi simplement, aussi
vulgairement ! Ces présidents sont finalement tous les mêmes et nagent
tous dans les mêmes trafics et les mêmes combines ! Mais la question est
de savoir si Noël Mamère peut tenir de tels propos quand il parle de dirigeants
européens, lui le «rebelle», l’homme
de «gauche» qu’on ne peut accuser de
racisme, peut-il faire preuve de la même désinvolture quand il parle de
présidents ou chefs de gouvernements d’Europe ?
Ce
rétropédalage dans le sens qu’il fallait donner à ses propos ne va pas servir
notre homme. La route vers le procès était toute tracée, un procès perdu d’avance
pour le député EELV. Le voilà donc
qui choisit de faire amande …honorable (?) en présentant publiquement ses excuses
«au peuple mauritanien et, partant à son
président s’il s’est senti blessé par mes déclarations». Celui qui n’a «pas l’habitude de se soumettre» ferait
mieux de ne plus «abuser» en jugeant
les dirigeants africains.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire