«Dans la vie d’une Nation, il est des moments graves. Pour ce
qu’ils comportent d’incertitudes, de risques et de dangers. Trois mots (maux)
qui n’induisent pas forcément les mêmes conséquences, et qui, conjugués avec la
fragilité, entraînent nécessairement la chute finale» (…) «Il y a 27 ans
– on était le 1er août 2005, NDLR – l’Armée prenait le pouvoir pour
‘mettre fin au régime de la corruption’, nous sortir d’une guerre coûteuse,
redresser l’économie et engager un processus démocratique réel. 27 ans après,
la corruption est devenue la valeur première, nous entrons dans une guerre qui n’est
pas forcément la nôtre, l’économie ‘nationale’ n’existe plus pour être
redressée et la démocratie reste une utopie pour nous. C’est essentiellement
pour cela que nous craignons un autre coup d’Etat, un autre retour de l’Armée
aux devants, d’autres promesses de lendemains meilleurs».
Ces phrases sont tirés d’un article écrit et publié le 1er
août 2005, deux jours avant le coup d’Etat qui allait mettre fin au régime de
Ould Taya qui a duré 21 ans.
La Mauritanie était plongée dans coma profond, le pouvoir ne réagissant
plus, ne «répondant» plus. La communication est nulle. La conscience de
soi et des autres est nulle. Le pays se mourait lentement. Il tombait
inexorablement dans le trou noir de la déconfiture. Dans les dictionnaires, on
explique : «Le coma est
une abolition plus ou moins complète des fonctions de la vie de relation
(conscience, motilité, sensibilité) alors que les fonctions de la vie
végétative sont relativement conservées. Le
patient, inconscient, est couché sans bouger et ne sent rien».
Le coup d’Etat du 3 août 2005 devait avoir l’effet d’un électrochoc
avec toutes les ouvertures qu’il a laissé entrevoir. On est alors entré dans un
coma végétatif, puis nous sommes sortis pour entrer peu à peu dans l’état de «conscience
minimale» où les pronostics s’améliorent. Un état qui nous a permis d’avoir
quelques chances de récupérer quelques-unes de nos facultés. Nous pouvons
désormais refonder nos choix de départ et réhabiliter nos valeurs originelles. C’est
le défi qui nous est lancé.
Au départ est la nécessité de lancer un nouveau contrat social
fondant un Etat de droit moderne. Avec des propositions d’égalité citoyenne, de
justice pour tous, du droit à la prospérité pour tous, à l’éducation pour tous,
à l’émancipation pour tous, à la dignité pour tous…
La Mauritanie a besoin de refonder les bases d’un
Etat viable (et fiable) qui peut assurer le toit pour tous ses enfants, leur
procurer la sécurité et la prospérité. La Mauritanie a besoin de retrouver la
sérénité pour exister dans un environnement apaisé et ouvert. Elle a besoin de
recouvrer ses vocations originelles de terre de convergence, de se réconcilier
avec son passé, de regarder en face son présent pour mieux se projeter dans le
futur. Pour ce faire, les «bienpensants» doivent cesser de faire
semblant d’oublier que nous venons de loin… de très loin… de vraiment très loin…
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