Beaucoup
de supputations sur le gouvernement, sur les alliances attendues, sur les
marchandages politiques probables, sur la future configuration de la scène
politique, sur le nouveau dispositif de l’Opposition… Analyses froides,
prophéties, informations vérifiées, d’autres qui le sont moins… tout y est pour
nous dire de quoi le lendemain politique sera fait.
Au
lendemain d’une épreuve politique comme celle des élections législatives et
municipales, il est nécessaire de tirer les conclusions. Pour le pouvoir d’abord
qui a vu «son» parti, l’Union pour la République (UPR), remporter la
majorité des sièges à l’Assemblée nationale et ceux des maires. De quoi le
réconforter dans les choix qui ont été les siens. Logiquement du moins, parce
que les analystes «indépendants» croient que «le pouvoir est sorti
affaibli des élections». Ils évoquent les mécontentements, les déchirures,
l’effet de la naissance d’une multitude de partis dans la périphérie de l’UPR,
pour expliquer cette faiblesse qui ne s’est pourtant pas exprimée ni dans les
résultats, ni dans le comportement des gouvernants. Force donc est de croire le
contraire : les résultats obtenus par le seul UPR sont pour le pouvoir un
motif de satisfaction.
Le
gouvernement qui doit être constitué sortira nécessairement des urnes. C’est ce
que la réforme constitutionnelle introduite à partir du dialogue entre la Majorité
et une partie de l’Opposition avait consacré. C’est le parti qui peut
rassembler une Majorité qui nomme le gouvernement. Aujourd’hui l’UPR a déjà la
majorité à l’Assemblée. S’il décide de s’ouvrir aux autres, c’est pour élargir
ses alliances. Il ne peut le faire que si elle répond à un souci lié à la
présidentielle prévue dans moins de quatre mois. Les partis satellites comme
tous ceux dits «de la jeunesse» soutiennent déjà le Président Mohamed
Ould Abdel Aziz. Leur implication dans le gouvernement les réconforterait
simplement dans leur choix. Le challenge pour l’UPR est donc de ramener l’un
des partis-symboles dans l’escarcelle de la Majorité : Alliance populaire
et progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir, Alliance pour la justice et
la démocratie (AJD/MR) de Sarr Ibrahima ou encore Al Wiam de Boydiel Ould
Hoummoid. Avec Tawaçoul toute démarche du genre semble exclue.
L’avantage
pour l’UPR d’avoir APP ou AJD/MR, c’est que l’éventuel accord va nécessairement
concerner la Communauté urbaine de Nouakchott (CUN) dont la bataille n’est pas
totalement consommée.
On
raconte que l’UPR aurait trouvé un accord avec Messaoud Ould Boulkheir qui
serait reconduit comme président de l’Assemblée nationale en contrepartie du
soutien de son parti à l’UPR pour la CUN. Difficile à croire quand on se
rappelle tout ce qui a été dit et écrit sur sa présidence passée qui a été le
fruit d’un marchandage politique incluant son soutien au candidat Sidi Ould
Cheikh Abdallahi au second tour de mars 2007. A l’époque l’importance de ce
soutien ne découlait pas seulement au nombre de voix que pouvait rapporter Ould
Boulkheir et son parti, mais à la légitimation de cette élection ouvertement
soutenue par la junte de l’époque. Alors que la présidence de l’Assemblée
aujourd’hui contre la CUN, c’est un marché de dupes.
Surtout
que la présidence de l’Assemblée par un chef de parti qui n’a pas assez de
députés pour faire un groupe parlementaire affecterait sérieusement les
principes de la démocratie. Le Président Ould Boulkheir est certainement le
premier à ne pas vouloir d’un tel scénario, lui qui a milité pour asseoir un
système démocratique en Mauritanie. Tout ce qu’on dit à propos des marchandages
entre le Président Messaoud et le pouvoir, relève plutôt d’une malveillance
vis-à-vis de cet homme (ses détracteurs n’ont pas fini de l’accabler). D’ailleurs
tous ceux qui ont une ambition présidentielle n’ont pas intérêt à s’acoquiner
avec le pouvoir actuellement. Jusqu’à preuve de contraire, Messaoud Ould
Boulkheir fait partie des futurs candidats.
Que reste-t-il alors ?
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