Cela s’est passé au moment de la pose de la
première pierre de la centrale hydro-électrique de Gouina, un projet
gigantesque lancée par l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal
(OMVS). Prenant la parole pour souhaiter la bienvenue à des pairs, le Président
Ibrahim Boubacar Keita a d’abord rendu hommage aux soldats sénégalais tués dans
l’attentat de Kidal qui a visé un poste de la MINUSMA, cette force africaine
placée sous le couvert de l’ONU. Une petite digression pour dire qu’il ne
dialoguera jamais avec des rebelles armés. «Je ne traiterai jamais d’égal à
égal avec des gens qui ont les armes à la main», avait-il martelé comme
pour répondre à des demandes venues d’on ne sait où. Ce n’est pas la première
fois que le président malien fait de telles déclarations. Lors de sa récente
tournée en Europe, notamment la France où il a assisté au sommet sur la
sécurité, il a dit clairement qu’il est hors de question de discuter tant que
le Mali n’a pas recouvert l’entière souveraineté de son territoire et tant qu’il
y a des groupes armés. C’est légitime quand on prend en compte la situation de
Kidal et de ses environs encore interdits à l’Armée malienne.
En prenant la parole à son tour, le Président
Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’OMVS, a tenu à faire ses
hommages aux soldats sénégalais et à présenter ses condoléances au Président du
Sénégal et à son peuple. Avant d’exprimer son soutien à la position exprimée
par le Président Keita. Il en a profité pour condamner les agressions terroristes
dont a été victime la Mauritanie, pays qui a combattu très tôt ces extrémismes
qui menaient en fait à la criminalité transfrontalière. Pour lui, l’espace OMVS
doit être préservé par la coopération et la solidarité.
Ce détour par la politique a permis de remettre
les pendules à l’heure quant aux positions mauritaniennes vis-à-vis de la
question. Si le ciel des relations avec le Mali s’est à un moment assombri, c’est
bien suite à quelques incompréhensions qui sont ainsi levées. La Mauritanie ne
soutient aucune force rebelle au Mali. Elle est contre toute velléité d’indépendance
et entend aider le Mali à recouvrer sa souveraineté entière sur son territoire.
Elle est aux côtés du Mali dans ce que ce pays croit être le mieux pour lui. Comment
d’ailleurs peut-il en être autrement ?
Le Mali et la Mauritanie sont deux dont les
relations ne peuvent absolument pas souffrir l’ombre d’un désaccord. Les interférences
sociales entre les habitants des frontières imposent un minimum de cohésion et
de solidarité qui fait que les pouvoirs sont condamnés à cheminer ensemble. Plus
que le Sénégal (fleuve), la frontière entre les deux pays crée un creuset et
fait que pour l’un et l’autre il s’agit là d’un espace vital qui commande la
stabilité et la sécurité.
Les discours des deux
Présidents étaient nécessaires pour ce qu’ils dissipent de malentendus et pour
ce qu’ils révèlent de conscience de la communauté de destin. Ils sont aussi une
indication pour dire que l’espace OMVS a conscience de la nécessaire solidarité
face à l’ennemi commun.
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