Trois
hommes ont été arrêtés ces dernières 24 heures. Selon les premières
informations publiées par la presse électronique, les trois hommes seraient
impliqués dans une affaire de marché de construction du stade de Nouadhibou. Mais
tout ce qu’on peut lire aujourd’hui sur l’affaire est imprécis et peu crédible.
Le
projet de construction du stade relève de l’autorité du ministère de l’urbanisme
et non de la culture que toutes les analyses voudraient incriminer. Le marché a
été octroyé par la commission traitant des marchés des infrastructures et non
celle de l’administration de la culture dont le président fait partie des
personnes interpellées. Cette adjucation a été rejetée par l’Autorité de
régulation des marchés suite à une plainte déposée par un concurrent qui aurait
apporté les preuves de l’usage de faux par la société qui a gagné le marché.
A
part l’entrepreneur qui serait directeur exécutif de l’entreprise ayant obtenu
le marché, les deux autres n’ont donc rien à voir avec le marché. Alors quoi ?
On
ne sait pas. L’enquête est diligentée par la Gendarmerie et semble ne souffrir
d’aucune fuite. Mais l’on sait que si le sujet est bien le projet de
construction du stade de Nouadhibou, ceux qui ont été arrêtés n’ont a priori
rien à voir avec le dossier. De quoi pourrait-il s’agir alors ? Même
réponse : on ne sait pas, les autorités ne voulant pas communiquer
là-dessus.
Depuis
des décennies, toutes les affaires commencent comme ça : une
interpellation surprise, un manque de communication qui ouvre la voie à toutes
les spéculations y compris les plus saugrenues, une multitude de versions qui
alimentent la curiosité ainsi excitée de l’opinion, les unes servant toujours à
régler des comptes aux ennemis de leurs commanditaires…
En
attendant d’en savoir plus, je vous raconte cette anecdote de chez moi.
C’est
un Deymani connu pour ses répliques tranchantes et justes. Notre homme se promenait
aux alentours du campement - cette «sortie»
nécessaire au milieu de la matinée aux hommes et femmes du campement qui se
soustraient un moment aux regards indiscrets pour redevenir ce qu’ils sont, des
êtres humains.
Il
fut surpris par un fou bien connu des habitants de la région. Malgré son air
méchant, sa force et ses gestes violents, ce fou est inoffensif. Tout le monde
le sait, mais personne ne peut s’en convaincre totalement, sait-on jamais ?
Le
fou portait un grand sac et peu d’habits (pour ne pas dire aucun, nous sommes
en terre iguidienne, là où l’on dit les vérités à demi). Il s’adressa à notre
ami en l’appelant par son prénom et lui dit : «Peux-tu me dire ce qu’il y a dans ce sac…» Et sans attendre la
réponse, il déballa le sac pour laisser tomber la tête d’un âne qu’il avait
récupérée sur un cadavre non loin de là. Quand cessa le ricanement agaçant du
fou, le sage Deymani lui répondit : «…hadha
raaç akhbaar ba’d». Littéralement : «ceci est la tête d’une histoire», mais comprendre : «ceci est le début d’une affaire»…
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