La
Mauritanie avait refusé d’intervenir dans le conflit malien, dans sa phase
guerrière du moins. Mais elle a toujours exprimé son désir de faire partie des
pays qui auront à faire un effort dans le maintien de la paix. Mais au Mali,
les appréhensions sont nombreuses.
La
récente visite d’une délégation composée du Premier ministre et du chef d’Etat
Major des Armées au Mali, entrait dans ce cadre. Un peu pour aplanir quelques
difficultés liées aux réticences maliennes.
Récemment,
des officiers mauritaniens venant au Mali dans le cadre de la mission des
Nations-Unies et de la préparation de la mission de paix, ces officiers ont été
maltraités et ont dû se prendre en charge eux-mêmes. La visite a donc été d’abord l’occasion de régler ces
incompréhensions. Et surtout de rappeler le véritable rôle joué par la
Mauritanie et ses prédispositions plusieurs fois exprimées devant les autorités
maliennes.
La
mission a donc réussi si l’on prend en compte la remise à niveau politique des
rapports entre les deux pays. La Mauritanie a été accusée par certains milieux
d’être derrière les rebelles touaregs, puis ceux arabes. Mais à chaque fois, on
a vu que la Mauritanie agissait pour l’intérêt du Mali. Que jamais la
Mauritanie n’a accepté de laisser passer les combattants avec armes et bagages,
qu’elle détient tout ce qui a été récupéré sur les réfugiés militaires ou non.
A plusieurs reprises, la Mauritanie a proposé son concours «discret»
pour donner un coup de main ici ou là-bas.
Le
problème qui se pose aujourd’hui, c’est que les Mauritaniens ne peuvent
envisager d’intervenir ailleurs que dans la région de Tombouctou qui est la
plus proche du pays de tous les points de vue. D’autant plus que la seule
justification morale d’une éventuelle participation à la force de maintien de
la paix, est celle d’apporter assistance et protection des populations des
régions qui constituent un prolongement sociologique et historique de la
Mauritanie.
On
peut comprendre les appréhensions maliennes et leur chercher la possibilité de
s’exprimer et de trouver réponse. Mais on ne peut occulter ni agir sans prendre
en compte les données sociologiques et historiques.
Et
c’est le sens du travail diplomatique et psychologique qui doit être fait
maintenant que le Conseil de sécurité a donné son feu vert pour le déploiement
des forces de maintien de la paix.
1800
hommes environ devront être envoyés sur place. Un corps d’élite, probablement
des policiers et des médecins.
Ce
déplacement devrait aussi poser le problème de la relation avec AQMI. Jusque-là
AQMI a considéré que la Mauritanie n’est pas entrée en guerre contre elle
malgré les propos excessifs de certains politiques qui ont tenu à un moment
donné à faire entre en jeu le terrorisme dans un souci de déstabiliser le
régime. Mais à partir du moment que le pays envoie des troupes dans le Nord
malien, quelle réaction de AQMI et des groupes terroristes ?
C’est
la question que nous nous devons de poser.
Rien
ne doit être laissé au hasard. La fragilité du pays nous impose une grande
prudence et surtout de faire l’effort de garantir la stabilité et la sécurité.
Sinon, nous savons qu’une bombe peut nous faire sombrer. Corps et biens.
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