Au
Parlement, les députés passent une grande partie de leur temps à justifier
leurs positionnements passés et présents.
Ceux
qui expliquent pourquoi ils ont soutenu Ould Abdel Aziz pendant et/ou après son
élection en 2009, ceux qui justifient pourquoi ils sont revenus à lui après,
ceux qui tentent d’expliquer comment ont-ils «accompagné» son coup d’Etat du 6 août 2008 croyant avoir affaire à
«un mouvement de rectification»… on
va parfois plus loin pour demander aux Islamistes comment votaient-ils des
budgets où apparaissait ce qui était alloué à l’Ambassade de Mauritanie en Israël,
à ceux de l’UPR pourquoi étaient-ils allés dans une alliance avec Tawaçoul…
Sur
la scène politique, on assiste à la passation entre Jamil Mansour et Ahmed Ould
Daddah à la tête de la Coordination de l’Opposition démocratique (COD), et, à
côté, à la fusion entre la Coalition pour une alternance Pacifique (CAP) et
l’Alliance Patriotique (AP). La première regroupe les partis d’opposition ayant
participé au dialogue avec le pouvoir (Wiam, APP et Sawab), la seconde
rassemble trois partis de la Majorité ayant participé au dialogue pour
finalement prendre le large. Ces partis - Adil, Renouveau démocratique (RD) de
Ould Abdeiderrahmane et le Mouvement pour la refondation (MPR) de Kane Hamidou
Baba -, ont annoncé leur retrait de la Majorité avant de créer un nouveau pôle
(AP) pour finir avec ceux de la CAP.
C’est
bien à cause d’alliances et de mésalliances, de nomadisme dans le
positionnement général, d’absence de fil conducteur dans le comportement des
uns et des autres… que nos politiques sont surprenants, qu’ils peuvent paraitre
incohérents.
Quand
on sait qu’à l’origine du parti Wiam, le refus de Yahya Ould Ahmed Waqef (et de
ses amis) de laisser Boydiel Ould Hoummoid diriger le parti. Qu’à l’origine de
la création de la COD, la volonté de limiter le pouvoir (légal et
institutionnel) de l’Institution de l’Opposition démocratique et donc
d’empêcher Ahmed Ould Daddah de jouir pleinement de son statut de chef de file
de l’Opposition démocratique. Qu’à l’origine du processus qui a mené à la
création (ou au renforcement) de l’APP (alliance progressiste populaire) et de
l’UFP (union des forces du progrès), il y a la volonté de «renverser» l’ordre Ould Daddah. Qu’à l’origine de la légitimation
de l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, la trahison de la grande
opportunité d’opérer un virage définitif en optant pour le compagnon de route
(Ould Daddah) et non pour le joker des militaires (Ould Cheikh Abdallahi). Qu’à
l’origine de la défaite de 2009, le refus de s’aligner derrière un candidat
unique de l’opposition (pour ne pas avoir à faire courir le «mauvais» cheval). Qu’à l’origine de la
rupture du dialogue renoué entre Ould Abdel Aziz et Ould Daddah, entre lui et
Ould Maouloud, entre lui et Ould Mansour… qu’à l’origine de cette rupture il y
avait la volonté manifeste d’écarter les uns et de circonscrire ce dialogue à
une frange déterminée de l’opposition…
Le malheur, c’est qu’on finit fatalement, un jour ou l’autre,
par payer la facture de l’incohérence dans la conduite. Chacun de nos
politiques paye aujourd’hui pour ne pas avoir su, pu ou voulu anticiper pour
voir un peu plus loin que l’immédiat.
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