«Hugo Chavez n’a jamais été pour
moi un ennemi, mais un adversaire que j’ai respecté et que je regrette…» Ce
sont à peu près les mots que je retiens de ce que l’opposant vénézuélien
Henrique Capriles a dit à la suite de la mort du Président Hugo Chavez. Un
discours émouvant par lequel l’opposant a appelé à l’unité de son pays et à la
vigilance de son peuple. Comme il a reconnu les qualités de l’homme. «Le
moment n’est pas à souligner ce qui nous divise», a-t-il dit. «Aujourd’hui,
il y a des milliers, peut-être des millions, de Vénézuéliens qui se demandent
ce qui va se passer, qui ressentent même de la peur (…). N’ayez pas peur. Ne soyez
pas angoissés. Entre nous tous, nous allons garantir la paix que mérite ce pays
bien-aimé».
De quoi nous attrister sur notre sort,
nous autres gens de ce pays, nous autres qui n’avons de cesse de chercher à
créer l’angoisse là où elle ne peut se justifier, de la faire régner comme un
facteur de déstabilisation. Combien nous pouvons envier le Venezuela pour une
telle conscience de l’intérêt supérieur au sein de la classe politique… Mais
revenons à Chavez, Hugo Chavez.
Il est arrivé au pouvoir au terme d’une
élection populaire en 1998, à 44 ans (il est né en juillet 1954). En 1977, il
notait dans son journal intime : «Je dois me préparer pour agir… Mon
peuple est passif… Les conditions ne sont pas réunies. Pourquoi ne pas les
créer». C’est par son frère, membre du parti révolutionnaire vénézuélien,
qu’il a fait ses premiers pas dans la politique en se choisissant comme modèles
le général Velasquez au Pérou et Trujillo au Panama. Mais son inspirateur reste
Simon Bolivar, l’éternel héros et emblème des révolutions latino-américaines.
En 1983, il crée un mouvement au sein
de l’Armée qu’il appelle «le mouvement bolivarien révolutionnaire 200» (MBR
200) qui finit par fomenter un coup d’Etat le 4 février 1992. Il échoue et
se rend. Une tactique qui va le lancer sur la voie de la réalisation de son
projet politique révolutionnaire. Dans on message de reddition, il déclare
notamment : «Compagnons, lamentablement, pour le moment, les objectifs
que nous nous étions fixés n’ont pas pu être atteints dans la capitale». Deux
ans de prison.
Libre après la destitution du
président Perez, Hugo Chavez va à la conquête du pays profond. Deux ans durant,
il sillonnera le Venezuela dans une camionnette, avant de s’installer à
Caracas, la capitale et de se verser dans la politique. Le discours devient
populaire avec ses relents révolutionnaires et ses promesses de mettre fin au
régime de la corruption et d’exploiter les richesses du pays au service de son
peuple. Le ton de l’engagement est sincère et la désaffection du politique est
grande. Il gagne l’élection de 1998 avec 56% et entre au Palais Miraflores le 2
février 1999. L’occasion pour lui de jurer sur «la Constitution moribonde qu’il
impulsera les changements démocratiques nécessaires». Il entame une série
de réformes institutionnelles et économiques qui lui permettent d’asseoir l’image
de «l’homme du peuple opprimé», du «résistant à la cupidité du
capital» et du «héros libérateur face à l’hégémonie des Etats-Unis».
Ce qui lui vaut les surnoms de «El libertador», «El Commandante»…
Et quand il est victime d’un coup d’Etat organisé par la bourgeoisie de son
pays appuyé par les Américains, c’est son peuple qui se soulève et le libère
pour le remettre au pouvoir.
Pour nous autres Arabes et Africains,
il restera celui qui a défendu nos causes et qui a été à l’écoute de nos
souffrances. Hugo Chavez est pour cela un héros bien de chez nous, nous qui en
manquons affreusement en ces temps de reflux.
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