La
Ligue mauritanienne des Droits de l’Homme a organisé une cérémonie dédiée à la
mémoire de feu Ghali Ould Abdel Hamid, décédé le 29 décembre dernier.
Me
Ghali Ould Abdel Hamid est le premier président d’une Ligue des Droits de l’Homme
en Mauritanie. Il avait milité pour la création d’une organisation capable de
dénoncer les atteintes aux Droits humains. Une organisation indépendante de
tous les protagonistes et dont la position qui s’exprime à travers la défense
du droit est acceptée de tous.
J’ai
connu Ghali Ould Abdel Hamid fin 1988, alors que des voix timides s’élevaient
déjà pour dénoncer ce qui paraissait comme des dérives dangereuses. Focalisé d’abord
sur les procès politiques, il ne tarde pas à considérer que les prisons étaient
aussi des lieux sordides où le non-droit dominait. Il savait très bien quel
allié il pouvait trouver dans la presse. Il était l’un des premiers acteurs de
la scène mauritanienne à décider d’apporter tout son soutien – matériel et
moral – à Mauritanie-Demain qu’animait un groupe de jeunes rêveurs qui
prétendaient à l’indépendance.
Nous
considérâmes très vite que le combat de cet homme était bien le nôtre. Plus âgé
que nous, plus introduit dans le milieu intellectuel et politique, il nous
épaula jusqu’à nous accompagner et même nous prêter son nom quand Habib et moi décidâmes
de quitter Mauritanie-Demain pour créer Al Bayane. Tout en bénissant tout ce
que nous faisions et tout en nous soutenant sans faille, Ghali n’intervenait
que pour tempérer la fougue qui nous animait et qui était le propre des gens de
notre âge. Tempérer… en fait, sa proximité – je préfère ce mot à «présence» qui
laisserait entendre qu’il intervenait dans quoi que ce soit -, sa proximité
suffisait comme élément modérateur.
Il
fut l’un de ceux qui avaient eu le courage de dénoncer les agissements racistes
du régime de l’époque. Les évènements de 89, ceux de 90 et 91 furent l’objet de
fermes condamnations de sa part. La vérité, la justice en son temps… l’une des
nombreuses leçons que nous a prodiguées Me Ghali Ould Abdel Hamid.
Sont
arrivés ensuite les partis qui ont voulu tout phagocyter. Ghali et la LMDH,
déjà déstabilisés par un pouvoir qui en a fait des ennemis, durent faire face
aux pressions des protagonistes politiques qui ont aussi leur part de
responsabilité dans le recul du combat pour les Droits de l’Homme. La cause fut
récupérée par les politiques qui en furent un cheval de bataille qui remplaça
peu à peu les projets de sociétés. Chaque groupe croyant de son devoir de créer
une organisation qui sera une sorte d’excroissance dans le monde naissant de la
société civile… c’est ici qu’il faut situer le péché originel qui a biaisé, et
pour toujours, ce monde-là. Plus jamais le combat pour les Droits humains ne
sera le même et n’aura le même goût… ne serait-ce que parce que Ghali n’était
plus là, lui qui avait choisi le retrait loin des tumultes de l’inquiétant
Nouakchott qui dominait tout.
Et si on décidait – autorité, militants des Droits
humains – de créer un «Prix Ghali Ould Abdel Hamid des Droits de l’Homme» ?
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