Deux
logiques peuvent être suivies face à la guerre qui se déroule à nos frontières.
La première est celle qui mène fatalement au soutien de l’autorité malienne,
donc de l’action de la communauté internationale. La seconde mène quant à elle
au soutien des groupes armés qui ont fait main basse sur le Nord malien après
avoir frappé les pays de la région.
La
première logique «contient» une nuance qui veut que le soutien de toute action
visant à rétablir l’intégrité territoriale du Mali et la légitimité politique
dans ce pays, n’implique pas forcément un engagement sur le théâtre des
opérations. Ce doit être – c’est déjà – la position officielle des autorités
mauritaniennes. Lesquelles peuvent – et doivent – rappeler à tous les
détracteurs d’hier, que sans les efforts consentis, souvent incompris, la
Mauritanie aurait été l’objet des visées de ces groupes qui cherchaient un
sanctuaire d’où ils pourraient agir impunément. Le Nord du Mali, le Sud de
l’Algérie et tout le Nord-Est de la Mauritanie devait servir de base à leurs
visées. Notre pays a réagi à temps. Il est momentanément hors danger
aujourd’hui.
La
seconde logique est celle développée par une partie de l’intelligentsia
religieuse et politique. Elle part de la considération qu’il s’agit d’une
nouvelle «croisade» chrétienne en terre d’Islam. Menée par la France contre de
«pauvres frères Musulmans», cette guerre est injuste et toute aide des
«agresseurs» (la France, les Maliens, les Africains…) est une hérésie. Même si
dans leurs litanies, nos penseurs ne poussent pas le bouchon, on en comprend
aisément que l’obligation d’aider les «frères» est la moindre des attitudes
justes.
Jamais
réactions aussi violentes n’ont été faites par cette intelligentsia. Comme si
on les avait touchés dans le plus profond d’eux-mêmes.
Aucune
guerre ne peut, à mon avis, être moralement justifiée. Aucune ! Mais il
est difficile de ne pas essayer de faire la part des choses. Ce qui se passe au
Mali est une guerre de libération et non une occupation. Quand les groupes
islamistes composés de Maliens (oui), de Mauritaniens, d’Algériens, de
Burkinabés, de Nigériens, de Nigérians, de Sénégalais, de Français… sont venus
perturber l’innocence au Mali, détruisant le patrimoine culturel, violant tous
les sacrés, amputant, flagellant on ne sait au nom de quelle loi… laquelle de
ces voix s’est élevée pour dénoncer les auteurs de ces crimes ?
L’effondrement
de l’Etat malien a suivi les actions de sape de ces groupes auxquels est venu
se greffer le mouvement national touareg. La partition d’un pays voisin sur la
base d’une revendication ethnique (très) discutable ne peut être acceptée par
un pays comme le nôtre dont la diversité du peuplement pourrait bien susciter
des envies.
La
guerre provoquée par les agissements inconsidérés de ces bandes armées est
légitimée par la demande du peuple malien à travers son gouvernement. Toutes
les Fatwas du monde n’y peuvent rien : l’agresseur est bien celui qui a
provoqué cette situation de guerre. On peut se demander combien de Maliens se
battent aujourd’hui à Djabali, à Konna, combien sont présents à Gao,
Tombouctou, Kidal et ailleurs ? et de quel côté ?
Quand
les Américains et les forces de l’OTAN sont venus en Irak ou en Afghanistan,
ils ont détruit un pays, ils ont écrasé – ou essayé d’écraser – une force nationale
de résistance. Ce sont les Irakiens qui se sont battus contre les envahisseurs.
En Afghanistan, ce sont des Afghans qui ont fait face. C’est pourquoi ces
envahisseurs sont aujourd’hui obligés de quitter ces pays. Mais au Mali ?
Qui a occupé qui ? qui a détruit quoi ?
Je
comprends qu’une frange de cette intelligentsia pense qu’une guerre au Mali
pourrait retarder – ou remettre en cause définitivement – le principe d’une
intervention en Syrie. C’est le souci essentiel qui anime une partie de ceux
qui se sont prononcés. D’ailleurs ils ne l’ont pas caché dans les communiqués
où il est question de la situation catastrophique dans ce pays. A qui la
faute ?
On
exige l’intervention des Occidentaux pour la Syrie, dernier pays à tenir tête à
Israël et à l’hégémonie américaine, aujourd’hui à jamais détruit. Mais on
refuse ce droit au peuple malien qui fait face à plus fort que lui.
Ce
sont les mêmes avions, probablement les mêmes hommes qui ont détruit la Libye
après des semaines de bombardements continus, les mêmes probablement qui
occupent le ciel malien. Les voix qui s’élèvent aujourd’hui pour les dénoncer,
les avaient bénis à l’époque. Peut-être qu’à leurs yeux, les Bambaras, les Songhaïs,
les Touaregs, les Peulhs… toutes les populations du Mali ne méritent pas le
secours de leurs alliés quand celui de leurs frères et voisins leur manque
cruellement.
Je suis tout à fait avec vous.Vous faîtes la fierté du Trarza!
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