La
sortie du Président de la République a été une réussite. Pour deux raisons
essentielles à mon avis.
La
première est liée au choix qui a été fait. Pour une fois, les autorités n’ont
pas essayé de jouer la convenance qui amène parfois à une situation de
non-choix. Par le passé, ce qui a empoisonné ce genre de manifestation, c’est
le refus des autorités de prendre leurs responsabilités en choisissant les
média par lesquels ils voudraient transmettre leurs messages. Chaque responsable
y allant de sa petite intervention pour faire entrer tel ou tel. Sans prendre
en compte, ni l’aura, ni la compétence, ni le sérieux… Le souci était d’abord
celui de la «limitation». On voulait cinq représentants de la presse écrite. Cela
aurait pu être LE Quotidien de Nouakchott, Le Calame, le Rénovateur, l’Authentique, Biladi, El Vejr, Al
Akhbar (journal), Tahalil… Chacun est assez représentatif de cette presse
écrite et chacun a accumulé assez d’expérience et de savoir-faire pour pouvoir
animer une conférence de ce niveau. Mais les cinq choisis sont autant
représentatifs que les autres. La restriction a permis de limiter les
intervenants, ce qui a donné le temps à chacun de poser les questions qu’il
voulait.
La
deuxième raison est, je pense, l’absence d’un «encadreur» (je ne sais pas
comment appeler ce journaliste officiel qu’on nous flanque chaque sortie du
Président). Le Président face à ses interlocuteurs qui étaient venus non pas
pour le provoquer ou l’indisposer, mais pour lui poser les questions que les
Mauritaniens se posent. Ce qui a été fait, et bien fait.
Reste
que si le Président n’avait pas joué le jeu, peut-être que la situation aurait
été autre. Seulement, il a été ouvert aux questions, franc dans les réponses et
clair dans les appréciations. Ce qui a donné un cachet d’inédit à la conférence
de presse.
Au
lendemain de la prestation, tous ceux que j’ai rencontré m’ont dit leur
satisfaction quant aux questions et aux réponses. On peut ne pas apprécier,
être d’accord ou pas, mais l’on reconnait la qualité de cet acte de
communication hautement symbolique.
Cette expérience réussie doit servir pour mettre fin
au climat de suspicion qui a toujours marqué les relations entre les autorités
et la presse privée (indépendante, comme nous disons, nous). Il faut s’habituer
à associer cette presse indépendante (privée, comme disent d’autres) à toutes
les activités officielles et savoir que c’est la Mauritanie qui y gagne en
donnant l’occasion à la pluralité de s’exprimer et de s’affirmer. Au retour du
Président l’autre jour, les radios et télés privées nouvelles ont été
accréditées à l’intérieur du salon d’honneur. Tandis que la presse écrite a été
tenue à l’écart. C’est normal. Même s’il va falloir pousser vers plus de
représentation de toute la presse indépendante et/ou privée.
" Il y a deux sortes de journalistes:ceux qui approuvent et soutiennent le gouvernement quoi qu’il fasse,et ceux qui le blâment et l’attaquent quoi qu’il fasse".
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