La
guerre se prépare au Mali. Les experts de la CEDEAO veulent mobiliser 5.500
soldats dont des ressortissants de pays tiers. Pour cela l’organisation
ouest-africaine invite la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie et l’Afrique du Sud à
un prochain sommet en vue de voir en quoi ces pays peuvent aider. On sait déjà
que les pays occidentaux vont participer par des frappes aériennes «précises»
et des bombes «intelligentes». On a vu ailleurs où mènent la «précision» et
«l’intelligence» des frappes «chirurgicales»…
Que
pouvons-nous faire dans cette guerre ? Nous devons nous rappeler les temps
où la Mauritanie subissait les coups répétés des groupuscules terroristes qui
ont fait, pour un moment, main basse sur une partie de son territoire. Tuant
ses soldats, embrigadant ses enfants, enlevants les étrangers sur son sol,
semant le chao et le doute dans les esprits… En ces temps-là, personne n’a émis
la moindre sympathie vis-à-vis de notre pays.
La
France et les Etats-Unis étaient occupés à entretenir le régime corrompu de
Amadou Toumani Touré. Ces deux pays équipaient l’Armée malienne et bénissaient
le système politique instauré par les autorités maliennes pourtant peu
crédibles déjà.
L’Algérie,
le Maroc et la CEDEAO regardaient impassibles, quand ils ne suscitaient pas les
attaques contre notre pays dont l’affaiblissement pourrait signifier à leurs
yeux sa mise en satellite. Puis vint le temps de la réaction.
Malgré
les incompréhensions intérieures qui se confondaient parfois avec les
trahisons, l’Armée nationale a réussi à se mettre debout en quelques mois. En
juillet 2010, elle était capable de porter des coups, et des coups durs, à
l’ennemi, là où il se trouve. Puis des organisateurs de rapts chez nous, furent
exfiltrés par les services mauritaniens pour les échanger ensuite contre leurs otages.
La base AQMI installée dans la forêt de Wagadu fut démantelée. Les attaques
lancées par l’ennemi furent toutes déjouées sans grand coût.
Qui
s’occupait, en ces temps-là, de savoir si la Mauritanie pouvait remporter la
victoire finale ? qui voulait arriver à bout des quelques dizaines de
combattants obligés désormais de se terrer dans les montagnes des confins
algéro-maliens ?
C’était
le temps où l’on dénonçait en catimini «l’aventurisme mauritanien» qu’on
expliquait volontiers par «les problèmes intérieurs d’un régime en mal de
légitimation». On allait même jusqu’à «victimiser» le Mali de ATT qui refusait
de collaborer quand il ne passait pas les positions mauritaniennes à l’ennemi.
L’aventurisme
sarkozien devait mener à la guerre en Libye. Laquelle a donné le reflux des
anciens combattants touaregs vers leurs pays d’origine. Avec armes et bagages.
Cet aventurisme a permis aussi, on le dit très peu, d’armer des bandes de
Jihadistes à partir des parachutages «intelligents» opérés par l’aviation française
sur le Jebel Nefoussa. Sous prétexte d’armer l’opposition Amazigh à Kadhafi.
Tout cet armement et une grande partie de ces combattants se retrouvèrent au
Mali à un moment où une énième rébellion se déclarait. Profitant du chao qui
régnait alors dans le Nord du pays, les Jihadistes n’ont eu aucun mal à
encadrer, accompagner avant de diriger la conquête de cet immense territoire.
Dans
un premier temps, les Occidentaux, comme à leur habitude, se sont trompés de
cheval en enfourchant celui du mouvement national touareg dont ils ont voulu
faire le pivot d’une résurgence locale qui permettrait de chasser les intrus
(AQMI et consort). Très vite on comprendra que ce cheval était le perdant. Que
la réalité de la domination sur le terrain était le fait des Jihadistes.
L’option guerrière paraissait inévitable. Et elle l’est effectivement.
Contrairement
à ce que l’on croit, la résistance sera de courte durée, les Jihadistes
comptant sur l’enlisement et sur les méthodes éprouvées en Afghanistan, en Irak
et ailleurs. Si la guerre est déclarée, seulement si elle est déclarée, ce sera
la débandade dans le camp des Jihadistes. Mais à quoi sert cette guerre si on
n’a pas défini, d’un commun accord, ses objectifs et ses moyens ?
La
Mauritanie ne doit pas y participer tant que AQMI s’en tient à l’accord tacite
qu’elle semble avoir entériné : ne pas être à moins de 200 kilomètres de
nos frontières, ne pas recruter de Mauritaniens, ne pas envoyer des moyens aux
combattants susceptibles d’agir en Mauritanie, bref ne pas menacer la Mauritanie.
Nous n’aurons plus qu’à surveiller nos frontières et à garantir la non
infiltration de criminels sur notre territoire. On doit s’en tenir là tout en
rappelant que notre pays ne peut pas absorber les flots de réfugiés qui
pourraient fuir vers la Mauritanie en tant de guerre.
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