Quand
on sort de Nouakchott, on rattrape les rumeurs d’il y a une semaine. Il y a une
semaine qu’on a parlé du retour du Président Ould Abdel Aziz dans un hôpital parisien,
c’est maintenant que cette rumeur arrive en Assaba et dans les Hodh’s. Je ne
crois pas que ce «décalage» est le résultat de l’éloignement : aujourd’hui
aucune contrée n’est loin grâce aux moyens modernes de communication
(téléphone, internet).
Mais
en fait, les groupes de travail qui construisent, diffusent et entretiennent
ces rumeurs ne visent pas les populations de l’intérieur. Pour eux, ces
populations n’entrent pas dans le schéma visant la déstabilisation du pouvoir
en place. Dans les milieux qui «producteurs» de la rumeur, le peuple est sorti
depuis longtemps des calculs visant à ouvrir la voie vers la prise de pouvoir.
En
désespoir de cause et dans l’incapacité de faire adhérer la masse aux projets
qu’ils fomentent – ce terme sied mieux aux méthodes utilisées -, les «sorciers»
politiques ont recours à un genre d’occultisme particulier. Il faut d’abord
semer le trouble, ensuite la zizanie, de quoi perturber le cours normal des
choses et intoxiquer les relations au sein du système, en espérant que cela
aboutira à le faire ronger de l’intérieur pour le faire écrouler de lui-même. C’est
ce qui a été essayé tout u long de ces interminables semaines d’absence du
Président de la République. Cela n’a pas réussi, maintenant passons à autre
chose…
Mais
en attendant revenons aux rumeurs et aux cibles qu’elles visent. C’est d’abord
à Nouakchott, dans le quartier chic de Tevraq Zeina que tout se conçoit. C’est
d’ici que tout part. Autour d’un thé, dans un café ou dans un salon huppé,
quelques individus bien nourris, blanchis par l’habitude de la climatisation,
rasés de près, sentant les meilleurs parfums de Paris, s’asseyent et décident. Les
informations qu’ils vont produire et faire circuler doivent d’abord viser les
éléments du régime les plus établis, ceux qui sont sensés faire barrage à tous
les projets ou encore ceux qui pourraient être victimes de manipulations. Cela va
du chef d’Etat Major des Armées au Premier ministre, au directeur du Cabinet
présidentiel, aux chefs de corps, au président du parti au pouvoir, aux hommes
d’affaires proches ou lointains soutiens de Ould Abdel Aziz… en fait à tous
ceux qui, dans l’entendement de ces esprits, pourraient peser de leurs poids
dans le cours des événements. Machiavélique : la rumeur arrive de partout
et prend l’allure d’une vraie information. Elle finit par intoxiquer ses
producteurs qui vont désormais travailler dans la perspective qu’ils ont cru
ouvrir…
On
finit par revenir à la réalité. Une fois de plus, le système Ould Abdel Aziz –
on doit désormais parler d’un système – a tenu devant les assauts de ses
détracteurs. Comme quand son avion tombait au milieu de nulle part et qu’il
perdait tout contact avec l’extérieur (juin 2009)… Le moment de savoir qui
gagne dans ce jeu.
D’abord
les opérateurs de téléphonie mobile. Ils ont battu tous les records un certain
soir de samedi 28 octobre. Ensuite le pouvoir de Ould Abdel Aziz lui-même. Tout
ce qu’on a raconté sur son compte lui attire plus de sympathie que ses
détracteurs ne peuvent imaginer. Quand il reviendra dans les jours qui suivent,
il aura vaincu des épreuves, virtuelles certes parce qu’elles sont restées du
domaine du supposé, réelles cependant dans les esprits parce qu’on les a
martelées tout au long de ces longues semaines. Ce qui lui donnera cette image
de «chef invincible», du moins «dur à cuire», de «çou’louk», de guerrier
intrépide déjouant tous les calculs et arrivant à bout de toutes les misères
que lui concoctent ses adversaires.
C’est
ça, tout ce qui a été fait (dit et écrit) va dans l’intérêt de Ould Abdel Aziz
et de son système. A lui d’en profiter calmement à son retour.
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