Tout
a commencé par un coup de tête en 2006 : la délégation chargée de la
surveillance maritime décide de distribuer gratuitement aux populations le
poisson confisqué aux bateaux ne respectant pas la réglementation. Puis a suivi
l’idée de le vendre à moindre prix pour assurer la permanence de
l’approvisionnement du marché naissant.
Grâce
à cette vente – 50 UM le kilogramme – et la saisie de camions frigos étrangers,
l’opération évolue vers l’acquisition de containers frigos qui permettent le
stockage du produit en attendant de l’écouler. C’est un poisson appartenant à
la classe du «petit pélagique» comme le chinchard ou la sardinelle, qui
alimente ce marché. Cela permet de laisser le poisson de grande valeur
marchande entre les mains de ceux qui vivent de son commerce, tout en
disponibilisant un marché de grande valeur nutritive aux populations et à un
prix très bas. Un double objectif est ainsi atteint : - un apport
nutritionnel de qualité à très bas coût, par une année de stress alimentaire ;
- lutte préventive contre le goitre, par l’iode que seul le poisson de mer
contient.
Ce
circuit prend son envol en 2011 avec un total de 2.779.311 kilogrammes écoulés
sur l’ensemble des points de vente qui se répartissent comme suit :
Nouakchott (1.137.551 kg pour 2011), Nouadhibou (214.540 kg), Kaédi (30.000 kg), Rosso
(132.010 kg), Boulenwar (2.390 kg), Bir Moghrein (8000 kg), Zouératt (222.580
kg), Wadane (25.250 kg), Kiffa (218.140 kg), Atar (275.380 kg), Aleg (203.670
kg), M’bout (235.830 kg), Akjoujt (71.970 kg).
Au
cours des six premiers mois de 2012, le total vendu est de 2.476.870
kilogrammes dans les mêmes points de vente auxquels il faut ajouter Boutilimitt
(53.920 kg), Boghé (152.159 kg) et Aïoun (129.000 kg). Au cours de la même
période, il y a eu de distribués, 200.930 kg à Kaédi, 16.690 kg à Boulenwar,
22.000 kg à Bir Moghrein, 290.990 à Zouératt qui couvre aussi Fdérik, 123.020
kg à Rosso, 39.381 kg à Wadane, 156.860 à Kiffa, 280.960 kg à Atar, 130.734 kg
à Aleg, 64.000 kg à M’bout, 71.970 à Akjoujt, 525.780 kg à Nouakchott qui
couvre désormais Idini et Wad Naga et 129.000 kg à Nouadhibou.
Pour
une population qui a toujours tourné le dos à la mer et aux produits de mer,
c’est déjà une petite révolution. Surtout que 2011-2012 fut marquée par une
sécheresse qui a fait peser la menace de la crise alimentaire. L’apport de ce
marché est incontestable dans l’approvisionnement du marché en denrées
alimentaires, qui plus est riche en protéines.
Signe
de la réussite de l’opération, l’intérêt que lui portent désormais les partenaires
étrangers. En effet, les Espagnols, les premiers partenaires dans le secteur
des pêches, y ont vu l’opportunité de participer à la fourniture d’une
alimentation saine et de qualité aux populations et de façon pérenne. Grâce à
un financement à hauteur de cinq millions euros, ils sont en train de mettre
sur pieds une structure permanente en vue de gérer le projet et de
l’institutionnaliser encore mieux. La construction des lieux appropriés de
stockage a été lancée ces dernières semaines. Bientôt le projet acquerra des
camions en plus et développera une infrastructure lui permettant de couvrir
l’ensemble des régions de Mauritanie dont restent : le Guidimakha, le
Tagant et le Hodh Echergui. Grâce à ce financement, d’autres points de vente
verront le jour un peu partout sur le territoire national. Objectif : du
poisson pour les masses.
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