La
visite du Président Macky Sall à Nouakchott et la chaleur de l’accueil que lui
ont réservé les autorités confirme la volonté de Ould Abdel Aziz de restaurer l’ancrage
africain de la Mauritanie.
En
avril 1989, les choix diplomatiques néfastes d’un pouvoir qui avait commencé à
cultiver le sectarisme comme philosophie politique, ont causé la gestion
catastrophique de l’incident de Diawara pour y trouver l’occasion de virer à bâbord.
Avec lui, le pays connaitra une dérive qui le mènera au milieu de nulle part. Détesté
par les Africains avec lesquels il a rompu les amarres, suspecté par les Arabes
qui ont perdu confiance en ce pays dont la caractéristique première est l’extravagance
dans l’inconstance. C’est du moins l’image que le pouvoir en a reflété à partir
de ce moment-là.
Pour
désigner la Mauritanie, l’«orphelin
géopolitique» a remplacé l’expression sibylline de «Cendrillon de l’Afrique de l’Ouest» chez les politologues les plus
avertis. Après avoir été «le trait-d’union»
entre l’Afrique et le Monde arabe, nous avons fini par nous trouver dans la
situation du «ni, ni» : ni
africains, ni arabes. Conséquences : relations avec Israël et retrait de
la CEDEAO.
Depuis
son accession au pouvoir, Ould Abdel Aziz a renoué avec les penchants africains
de la Mauritanie. Si bien qu’il ne rate aucune occasion au sud du Sahara pour y
être. Ce qui lui vaut d’être le président mauritanien le plus assidu aux
conférences et aux commémorations africaines depuis feu Moktar Ould Daddah. Et c’est
tant mieux, même si cela dérange une certaine intelligentsia.
En
attendant la décision de revenir à notre environnement naturel – et «normal» - que constitue la CEDEAO, il y
a lieu de cultiver, de renforcer les relations de l’espace OMVS. Avec le Mali,
le Sénégal, la Guinée, la diplomatie mauritanienne peut aller vers la Côte d’Ivoire,
le Nigéria, le Tchad, le Burkina… en vue d’une intégration qui pourrait
profiter – à travers des accords bilatéraux – à des milliers de nos
ressortissants établis dans ces pays. Les relations avec la Gambie, la Guinée
Bissau et le Cap Vert ont toujours été excellentes.
Chaque
fois qu’un nouveau président est élu au Sénégal ou en Mauritanie, le lien doit
être renouvelé pour que les nouvelles autorités prennent la mesure de la
nécessité d’aller ensemble. Chacun des pays étant l’espace vital de l’autre.
Entre
Macky Sall et Ould Abdel Aziz le courant semble bien passer : sensiblement
le même âge, les mêmes réserves sur l’état ante des relations, sur la manière
de gouverner, d’aborder le futur commun et la nécessité pour eux de s’entendre.
C’est
du renforcement de l’ancrage dans le versant sud de notre pays que nous avons
le plus besoin pour nous réconcilier notre environnement et pour réhabiliter
notre vocation première qui est celle de terre de convergence, terre d’ouverture,
terre d’abnégation et de tolérance et finalement «terre des hommes».
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