C’est
un moment ineffable que celui que j’ai passé, hier en fin d’après-midi, sous la
tente d’Ehl Chbih. Ineffable pour ce qu’il comporte de profondeurs et
d’enseignements.
En
quelques 15 à 20 minutes de palabres désintéressées, j’ai entendu une multitude
de cours, de discussions animées autour de thèmes aussi divers que la mort et
sa perception en Islam, que la grammaire et ses règles les plus subtiles, la
généalogie et ses sciences les plus ésotériques, la poésie et ses plus beaux
secrets, l’Exégèse du Coran et du Hadith et même, l’espace d’une digression,
l’astronomie. Tout y était, tout y fut.
Au
terme de quelques échanges entre des hommes qui respiraient la dignité malgré
la simplicité de l’apparat, on aura fait le tour des sciences et… des arts. Ils
ressemblaient à des bédouins d’antan et avaient tout d’eux : le savoir
encyclopédique, une vive intelligence, et une vision simple du monde qui les
entoure.
Ici
on ne s’émeut que pour le savoir. Pas pour l’avoir. C’est certainement pourquoi
on célèbre la mort comme un ultime accomplissement pour ces gens qui savent ce
qu’est la dévotion, ce qu’est la piété, ce qu’est la justice… ce que sont les
valeurs éternelles.
Je
me suis perdu à m’imaginer le monde qui a été. Avec ses cadis intègres et
craints, ses érudits pieux et humbles, ses poètes créateurs. L’espace d’une
conversation qui en fut plusieurs.
Un
moment volé au tourbillon actuel. Un moment sans les basses considérations
matérielles d’ici-bas. Un moment sans les querelles stériles et sans
lendemains. Un moment sans la triche, sans les anonymes perfides.
Un
moment qui permet de recouvrer un peu de soi, de se retrouver et de se
réconcilier avec son être.
Merci
à Mohamed Abdallahi Ould Chbih qui, au lendemain de son départ, nous permet de
recevoir de telles leçons. Des leçons alliant profondeur et globalité du
message, humilité et grandeur de ses porteurs. Qu’il trouve compensation auprès
de Celui qu’il a servi une vie durant, l’Unique capable de récompenser ceux qui
ont vécu en pensant rendre compte un jour.
Qu’Allah
ait en pitié ceux qui restent dans l’attente de rejoindre ceux qui sont partis.
Inna
liLlahi wa inna ilayhi raji’oune.
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