Le
jeune enfant du propriétaire de l’immeuble où se trouvent nos bureaux, vient de
vivre une expérience, pour le moins risquée. Il avait été opéré il y a peu à
Boutilimitt pour une appendicite. Sortie plutôt normale de l’hôpital. Mais quelques
jours après il y revient en urgence à cause de fortes douleurs et des
vomissements continus. Il est évacué à Nouakchott où il est admis en urgence à
l’hôpital. Le chirurgien diagnostique l’existence de corps étrangers autour de
ses instincts. L’opération est immédiate. On découvre du kleenex et des
pansements «oubliés» apparemment par celui qui lui avait fait l’opération à
Boutilimitt… Il est, heureusement, sauvé. Mais ses parents sont sidérés devant
l’absence de réaction du chirurgien de Boutilimitt qui a pourtant été averti
par son collègue de Nouakchott. Erreur anodine…
Il
ne se passe pas de semaine sans qu’on vous parle d’une erreur similaire ou
pire. Les erreurs de diagnostics ne comptent pas non plus. Ce n’est pas la
compétence qui est ici en cause. Nos médecins ont reçu les meilleures formations.
Certains d’entre eux sont très bien classés au sein de leurs promotions. Je crois
que c’est la responsabilité et la conscience qui sont en cause.
L’exercice
dans le privé d’un horaire qui vous prend huit heures par jour (au minimum),
ensuite dans le public (huit heures aussi) diminue considérablement les
facultés, la concentration et le sérieux de la consultation. L’empressement à
faire passer le maximum de malades compromet sérieusement le travail. Tout comme
les pressions d’ordres social, politique, humain… celles de tous les jours.
Mais c’est surtout l’absence de sanction qui est le
facteur premier de l’inconscience. En effet, on a (très) rarement vu un médecin
traduit devant la justice pour un mauvais diagnostic, de mauvais soins ou un
comportement inhumain. Pourtant, des manquements on en voit au quotidien. Mais les
arrangements sociaux, la résignation «naturelle» du Mauritanien, la force des
praticiens, tout fait que le citoyen lambda n’a pas la force de s’adresser à la
justice pour faire payer le moment d’irresponsabilité et d’inconscience au
médecin. LE jour où l’on verra deux, trois procès engagés pour punir ce moment
d’irresponsabilité, je suis sûr que le taux des erreurs diminuera
considérablement. Il n’y a rien de pire que l’impunité… en tout.
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