Je vous épargne toutes les étapes sur lesquelles nous reviendrons dans notre édition hebdomadaire…
Foum Legleyta… quelque part dans le département de M’Bout (prononcé M’Boud par les locaux)… Nous sommes ici au milieu du pays Aftout. Des plaines à n’en pas finir. Une monotonie rompue par les pics résiduels de la chaîne des Mauritanides qui affleure de temps en temps laissant paraître le plus vieux relief du monde, avec des escarpements travaillés par des centaines de millions d’années d’érosion et d’adversité.
Le plus grand barrage de Mauritanie… Depuis l’époque du premier régime civil, celui de Ould Daddah, les autorités avaient opté pour faire de la zone le grenier de la Mauritanie. Trente ans après le lancement des premiers projets, quelques dizaines de milliards d’ouguiyas engloutis depuis, la région est devenue la plus pauvre de Mauritanie. Misère et maladie.
Quand le Président prend la parole devant des milliers de gens venus l’acclamer, il doit voir à sa gauche les vestiges de l’ancienne antenne de la SONADER. De vieilles villas aujourd’hui abandonnées, une piscine, une salle de réunion, une grande villa de passage, des cuisines… témoins d’une splendeur qui n’a eu d’autres conséquences sur la population et sur la région que la provocation d’une urbanisation anarchique et d’un exode massif de populations qui ont abandonné leurs modes de production traditionnelle. Il n’y a pas d’électricité dans le gros bourg de Foum Legleyta, ni l’eau courante… du moins jusqu’au projet pour le lancement duquel le Président est venu.
Ce projet est ambitieux. Il vise à alimenter 472 localités de l’Aftout, éparpillées sur les territoires du Brakna, du Gorgol et même de l’Assaba, à travers des conduites d’un total de 800 kilomètres. D’autres activités économiques sont lancées en même temps. Notamment la pêche dans la retenue du barrage. Les pêcheurs nous disent qu’ils peuvent collecter jusqu’à 400 kilogrammes de poisson par jour. «Si nous travaillons en groupe, on peut facilement atteindre les 700, voire 800 kilogrammes». (nous y reviendrons dans le reportage de l’édition hebdomadaire).
La Société nationale de développement rural (SONADER) est sans doute le symbole de ce gâchis immense. Une trentaine de milliards – probablement plus – depuis sa création au milieu des années 70. Un résultat presque nul. Que représentent les coopératives encadrées par la SONADER dans la production nationale ? combien de terres cultivables occupent les projets de la SONADER et pour quel rendement ?
Rien que les PPG (petits périmètres du Gorgol, I, II et suite) ont englouti une quinzaine de milliards d’ouguiyas pour une production qui ne représente pas aujourd’hui les 5% de la production nationale. Et les CPB (Boghé) ? et la décrue de Maghama ? et le Lac d’Aleg ? et Foum Legleyta ? qui en a réellement profité ? où sont partis les fonds ? où sont les gestionnaires véreux ? que cherchent-ils actuellement ?
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