Ce matin, je dois aller au Maroc où je suis prévu pour une conférence sur l’islamisme politique en Mauritanie qui sera présentée par un chercheur américain. J’aurai moi à intervenir sur un thème que j’ai choisi d’intituler comme ça : «Terrorisme en Mauritanie : De la négligence (de l’indulgence) à l’inimité, de la fabrication de la menace à la confrontation réelle». Un peu pour rappeler qu’à l’origine de tout cela, il y avait l’entêtement du pouvoir d’avant 2005 à vouloir se créer un ennemi virtuel pouvant lui attirer la sympathie de l’Occident. Que ce jeu perfide et idiot avait fini par «prendre» pour devenir la première menace sérieuse qui a pesé sur l’existence du pays. Plus que les douleurs et les incertitudes du début (1960), que les démons particularistes (1966 et 1989/90), que le choc environnemental (sécheresse)… Mais là n’est pas mon propos.
A l’aéroport je suis surpris de voir qu’il y a eu une nouvelle extension. Le hall a été rétréci pour laisser plus de place aux formalités du voyage. Depuis que les accompagnateurs n’ont plus accès à ce hall, il fallait bien l’affecter pour autre chose. Plusieurs comptoirs, deux notamment pour la police. Mais nous devons être le seul pays au monde où des réaménagements pareils introduisent plus de lenteur. En ce mardi 6, le policier passait 20 minutes en moyenne par personne.
De temps en temps, un jeune douanier (toujours le même) vient accompagner un étranger pour lequel il fait les formalités en express. Aucune gêne devant les regards réprobateurs de tous les présents.
M’arrivent quelques réflexions sur les fonctionnaires, sur la corruption, sur cette lenteur que j’attribue à une carence… Je finis par demander et on me répond que le système informatique a des problèmes. Je m’en vais pour polémiquer, mais je vois que les passagers embarquent déjà…
Aéroport Mohamed V de Casa… toujours du nouveau en termes d’améliorations. Pourtant ce matin, les passagers devront attendre 45 minutes. Les ordinateurs de la police des frontières sont en panne. Comme pour me dire que cela n’arrive pas que chez nous. 45 longues minutes et puis le déclic.
Je retrouve le Maroc toujours en effervescence : des autoroutes en construction ou en réfection, des villes qui poussent partout, des terres cultivées, une population qui court, qui trime… Des Mauritaniens qu’on voit déambuler aux alentours des hôpitaux. C’est que la déficience du système médical chez nous oblige ceux qui le peuvent à aller ailleurs. Certaines cliniques d’ici en vivent et même très bien.
Je retrouve aussi les étudiants en quête d’inscription. On se souvient qu’il y a quelques mois, cela avait contribué à assombrir le ciel entre les deux pays. Des dizaines de ces étudiants sont toujours là à attendre. Ils ont obtenu l’acceptation des universités, mais leurs dossiers n’ont pas été transmis par l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI). Pourquoi ? Le Maroc, et c’est son droit, a décidé brusquement de ne plus accepter d’étudiants «hors quota», c’est-à-dire ceux qui ne font pas l’objet d’un accord entre les autorités des deux pays. Il a fermé ainsi la porte à l’indulgence qui régnait et qui faisait que tous les Mauritaniens étaient finalement inscrits dans les écoles marocaines. Toutes les portes ne furent pas fermées parce que certains notables continuaient à avoir des faveurs. Et c’est ce qui explique l’entêtement des étudiants restés. Chacun espérant que l’intervention de tel chef religieux ou tel notable ou dignitaire ayant la sympathie des Marocains pourrait le faire enregistrer. Déception, ressentiments…
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