C’est certainement la perspective des élections qui excite les milieux politiques. Personne n’est vraiment préparé. Aucun parti, pas même ceux qui ont refusé de participer au dialogue, ne peut se permettre de boycotter ces élections. L’expérience des législatives de 1992 est encore présente dans les esprits, du moins on l’espère pour la démocratie mauritanienne. C’est bien le boycottage de ces élections qui est aujourd’hui considéré comme une sorte de «péché originel» des acteurs politiques qui ont à jamais compromis le processus de l’époque.
Au niveau de la Majorité, l’Union pour la République (UPR) qui en est le noyau est affaibli par le manque d’engagement visible du Président de la République Ould Abdel Aziz qui va jusqu’à encourager les scissions au sein des cadres du parti. Les partis satellites de cette Majorité souffrent de l’hégémonie pesante du parti qui a l’ambition de jouer le Parti-Etat.
N’empêche que le Président Ould Abdel Aziz serait contre toute idée de nouveau recul des élections. Le Conseil Constitutionnel avait fixé le mois de mai comme deadline du mandat parlementaire actuel, sans pour autant parler d’une date pour les élections. Ce n’est pas de sa compétence. Mais Ould Abdel Aziz a toujours déclaré que le pays souffre chaque fois que des élections sont reculées.
Côté Opposition, ceux qui ont participé au dialogue avaient demandé un recul vers octobre ou novembre 2012. Finalement il a été décidé de confier à la nouvelle Commission électorale indépendante (CENI) de fixer et d’organiser ces élections. Mais en sachant que la CENI n’est pas encore nommée et qu’il va falloir attendre au moins une semaine pour la voir nommée, on peut se demander si le temps lui permet encore d’envisager les échéances avant quelques mois.
Dans le camp de l’Opposition rejetant le processus de dialogue et qui se retrouve dans la COD (coordination), on se lance dans une campagne d’explications autour de l’illégalité de la présente session parlement. A quelques jours seulement de sa clôture et après avoir bénéficié de son «usufruit», voilà que les députés de la COD qui ont envisagé un moment le retrait, se mettent à expliquer le pourquoi du comment de l’illégalité de la session… et du recul des élections… et de la crise politique qui en découle…
Ce, au moment, où de nombreuses voix s’élèvent, au sein de cette Opposition, pour demander la déstabilisation du régime, à défaut de son renversement. Appels du pied à l’Armée, appels francs aux soulèvements populaires, on tente de pousser le régime à la faute – en attendant de le voir bouté dehors.
Le personnel politique semble cantonné dans l’attente : la Majorité est incapable d’exister en tant que pôle politique capable d’impulser et d’imaginer une action en profondeur pour accompagner l’action du Président Ould Abdel Aziz sur le dos duquel elle vit jusqu’à présent ; l’Opposition qui a participé au dialogue n’a rein apporté en terme de révision des attitudes des protagonistes ; l’Opposition qui a refusé le dialogue n’est pas capable de provoquer un mouvement populaire ou de proposer une alternative.
Comme nos ancêtres attendaient que surgissent du néant quelques nuages lourds de promesses, d’entendre un tonnerre ou de voir un éclair annonciateurs d’hivernage précoce, comme nos ancêtres attendaient que les problèmes meurent d’eux-mêmes (une certaine culture de chez nous nous apprend qu’un problème a une durée de vie : il nait, se développe et meurt, la force étant dans la capacité à supporter le temps que cela dure), comme ceux-là notre personnel d’encadrement attend la providence…
Le problème c’est que ceux qui attendent, peuvent attendre longtemps, voire à jamais.
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