«Quelqu’un me disait récemment qu’on enseigne dans les classes de droit que la construction d’un Etat moderne se fait en trois axes : celui de l’unité et de l’organisation où l’égalité des citoyens doit être à la base ; celui de la non-appropriation de l’Etat où la règle de l’équité est de mise ; et celui de la multiplication des centres autonomes de décision où le mérite et le savoir-faire commandent. Et avant tout cela, une école performante est nécessaire pour former le citoyen et l’émanciper de toute pesanteur». Conclusion d’un papier que j’écrivais récemment sur l’éducation et sur son rôle dans l’unité nationale.
Je n’aurai pas besoin de discuter ici ce qu’est un Pacte social. Ceux qui lisent ces pages sont comme moi : ils ont accès à toutes les références pour se faire une idée de ce que peut être un Pacte social. Pas besoin de préciser que, pour la culture arabo-islamique qui est la nôtre, la pratique du Prophète Mohammad (PSL) à Médine, celle de ses dignes successeurs, particulièrement Omar qui fut le véritable artisan de l’Etat musulman, cette pratique et ces enseignements peuvent éclairer en ces temps de tergiversations et de doutes. En ces temps de dérèglement et de chao.
Pas besoin non plus d’invoquer Rousseau, Hobbes, Hume, Spinoza et tous les autres. Pas besoin pour dire que nos politiques devraient concevoir pour nous un Pacte social à même d’équilibrer les rapports au sein de l’ensemble auquel nous appartenons, de raffermir et d’assainir nos relations entre nous, de définir les droits et les devoirs de chacun, puis de les faire respecter, de rétablir l’osmose sociale d’antan et de restaurer nos vocations premières qui voulaient faire de notre pays une terre de convergence et de nos citoyens des hommes de vertu. La vertu désignant ici la tendance à vouloir le bien pour tous, ultime accomplissement de l’être que celui de servir un intérêt général, l’intérêt de la communauté entière.
Nous sommes loin, très loin de tout cela. Nos énergies sont bouffées par la pratique politicienne. Celles du pays aussi. Au moment où les Mauritaniens sont occupés à faire la politique, devenue la source de revenus la moins coûteuse et la plus payante, le monde tourne, le temps avance inexorablement. Au moins pour ceux qui se lèvent tôt pour produire, pour contribuer à la construction d’un édifice commun. Ceux-là ont décidé de perdre le moins de temps possible, d’essayer d’avancer dans le tumulte et de ne pas se laisser distraire par le verbiage.
Ce qu’on appelle «les piliers du Pacte social» peut s’articuler pour nous autour de : la réhabilitation du système éducatif, la revalorisation du travail, la promotion des compétences, l’égalité devant un service public efficient, l’indépendance d’un système judiciaire qui vaut pour tous, l’existence d’un système de protection sociale qui n’hésite pas à promouvoir une discrimination positive au profit des couches déshéritées et vulnérables, l’accès à l’emploi, l’égalité des chances, le dialogue ouvert entre tous les segments de la société en tous moments et en toutes occasions…
On entend les discours de ceux qui sont allés promouvoir les résultats d’un dialogue qu’on espère porteur de projets, ceux de leurs protagonistes qui leur dénient tout effet positif, on entend, dans les salons de Nouakchott – c’est là où la Mauritanie «officielle» vit, la Mauritanie «réelle» est ailleurs –, on entend ici et là toutes sortes de palabres… des intellectuels, des pseudos, des politiques, des pseudos… ils parlent… parlent… parlent… certains écrivent… écrivent… écrivent…
Et quand ils ont fini de parler (pour ceux qui parlent), d’écrire (pour ceux qui écrivent), nous les voyons aller s’approvisionner en carottes produites ailleurs, en oranges produites ailleurs, en lait et dérivés produits ailleurs, en boîtes de sardines produites ailleurs… ne parlons que des légumes, des fruits, des produits laitiers, des produits halieutiques… que des produits qui nous viennent de chez nos frères du Maroc, du Sénégal, du Mali…
La première certitude du mauritanien «normal» étant de se croire meilleur que les autres, observons-nous un moment. Le temps de nous remettre en cause…
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