Sayf el Islam (le glaive de l’Islam, littéralement), le plus politique, le plus guerrier des fils de Kadhafi vient d’être arrêté dans le sud libyen. Il tentait visiblement de gagner l’espace sahélo-saharien, soit par le Niger où se trouve déjà l’un de ses frères, soit par le Mali.
La première fois où j’ai entendu parler de Sayf el Islam, c’était au milieu des années 90 quand on parlait de lui comme futur successeur de son père. A l’époque on entrevoyait chez quelques-uns des dirigeants arabes une volonté de fonder des dynasties en préparant leurs fils à leurs successions.
Les premiers à traiter avec lui furent les Occidentaux. Naturellement : on ne s’embarrasse jamais ici quand il s’agissait d’intérêts, sonnant et trébuchant du reste. Couvertures de magazines et de journaux, la une de télévisions officielles, réceptions en son honneur… tout y fut. En moins de temps qu’il faut pour le raconter, l’homme devient le chargé des relations publiques auprès des pays européens et américains. Pour son père.
C’est lui qui négocie les arrangements qui vont permettre la normalisation de la Libye avec la communauté internationale. Il discute avec les renseignements anglais et américains, avec les diplomates, les présidents et chefs d’Etats pour trouver une porte de sortie dans le dossier de Lockerbie, de celui de l’attentat du DC 10 d’UTA… Il fait plier son père qui va jusqu’à décider de se plier quant au dossier des armes interdites (chimiques et nucléaires).
Sayf el Islam est présenté comme un homme moderne qui sera la chance de la Libye de demain. Exactement comme ce fut le cas pour Bechar el Assad, Jemal Moubarak…
En février dernier, alors que la Libye connait ses premières révoltes, alors que tout indiquait que le changement tant attendu était nécessaire, Sayf el Islam fait une sortie où il menace le peuple libyen en promettant que beaucoup de sang va couler. Promesse tenue. Largement d’ailleurs.
Même s’il y a lieu de rappeler que Sayf el Islam n’est pas le seul responsable – avec lui l’OTAN, les rebelles et tout son clan à lui -, il faut espérer qu’il soit jugé par la Cour internationale pour laquelle il avait espéré se rendre. Il pourrait avoir le même sort que son père et son frère froidement assassinés, ce qui ajoutera un trauma de plus à la dramatique situation de la Libye. Prions pour qu’il soit épargné pour être jugé.
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