«Le Ministre de la Défense Nationale a présenté une communication relative au règlement du dossier du Passif humanitaire des personnels des Forces Armées Nationales. Cette communication fait suite aux instructions du Président de la République, son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, visant à engager le pays dans la voie d'une véritable réconciliation nationale. Dans ce cadre des mesures concrètes ont été prises en vue du règlement apaisé de tous les différends qui ont, sous les régimes précédents, ébranlé la cohésion nationale du pays et entravé sa marche vers le progrès». dixit le Conseil de jeudi.
Peu importe les montants qui seront versés. En réalité aucune fortune sur terre ne peut compenser les douleurs provoqués ou effacer le mal subi. Seulement la satisfaction pour nous d’avoir enfin compris que le devenir dépendait largement de notre capacité à reconnaitre les fautes commises, les crimes commis par ceux qui ont cru à un moment donné que la Mauritanie resterait ce qu’ils ont voulu qu’elle soit. Ceux qui ont cru que leurs pouvoirs étaient éternels. Et que le jour du jugement humain ne viendrait pas.
Aujourd’hui, les autorités semblent vouloir solder ce passé douloureux. Le pouvoir actuel ne doit pas craindre de remuer ce passé dont il n’est pas comptable. Mais il doit compter avec tous ceux qui étaient aux affaires à l’époque et qui ont toujours les moyens de nuire à toute entreprise de réconciliation nationale. On les retrouve dans l’appareil, au sein des formations politiques les plus «à gauche» (de quoi, en fait ?), dans les organisations des Droits de l’Homme… Il doit compter avec l’aversion «humaine» pour tout retour sur des événements douloureux. Ceux qui les ont commis ne veulent pas qu’on en parle. Ceux qui se sont tu au moment où ceux-ci les commettaient ne veulent pas non plus qu’on en parle. La majorité silencieuse craint d’en parler pour ne pas être en face de sa lâcheté. Comment alors attendre un soutien ou même une compréhension populaire à ces décisions pourtant courageuses et nécessaires ?
Le pouvoir de Ould Abdel Aziz est bien en train de solder un compte qui n’est pas le sien, d’apurer un passif qui continue de peser sur notre vie, sur les consciences de certains d’entre nous (ceux qui en ont). Mais cela devrait s’accompagner d’une campagne de sensibilisation. Ne serait-ce que pour limiter la nuisance des ennemis de la démarche.
Les faits sont têtus, dit-on. En juillet 1991, avec quelques amis dont Habib Ould Mahfoudh et M'Barek Ould Beyrouk, nous publiions, dans Mauritanie-Demain, un dossier intitulé «Arabes-Négro-africains : La fin d’un mariage de raison». Ce fut la première – et je crois l’unique – enquête journalistique sur ce qui s’est passé dans les casernes en 90 et 91. L’instrumentalisation politique du dossier devait empêcher son étalage et son analyse sereine sur la place publique. Nous courons depuis, derrière les rendez-vous manqués. Il ne faut pas que nous rations à présent celui-là.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire