Le sommet sur la Libye s’est ouvert à Adis Abeba par une réunion des chefs d’Etats du Panel chargé de la question. Ce panel est dirigé par notre président, Mohamed Ould Abdel Aziz et comprend en plus de la Mauritanie, le Mali, l’Afrique du Sud, le Congo et l’Ouganda. Les représentants de ces pays sont en conclave. Et dehors, se croisent les délégations libyennes qui doivent être entendues.
Celle de Kadhafi est dirigée par son ministre des affaires étrangères accompagné de son ambassadeur et de quelques hauts dignitaires du régime de Tripoli. Tout le monde trouve dans la position de cette délégation matière à méditer. «Il y a moins d’un an, ces personnes étaient les plus courtisées sur le continent et dans ces allées, les voilà qui tournent en rond attendant d’être appelées». La Libye de Kadhafi faisait ce qu’elle voulait sur le continent. La force de l’argent…
Quand nos frères sénégalais arrivent, le Président Wade devant participer au sommet extraordinaire sur la Libye, les pourparlers entre le panel et les parties libyennes sont déjà entamés. On voit l’un des hauts responsables s’entretenir avec la délégation de Tripoli. «Il est en train de leur prodiguer des prières», me dit quelqu’un. Je m’approche et, me reconnaissant, il me dit : «Vous savez, le Président Wade n’a pas reconnu le conseil national de transition en tant qu’Etat, mais en tant qu’opposition légitime. Personne ne semble avoir compris la nuance…»
A l’intérieur, le Président Wade prend longuement la parole pour fustiger la Libye de Kadhafi qui a exercé quarante ans d’un pouvoir dictatorial. «Le peuple libyen a droit à la démocratie». Il rappelle à ses pairs africains qu’il a été sidéré de savoir que la Libye possédait plus de cent milliards dollars dans ses réserves, alors qu’elle ne partageait pas avec l’Afrique. Il concluait son discours par la nécessité de suivre le Sénégal dans sa démarche (reconnaissance du CNT).
C’est le Président Yoweri K. Museveni de l’Ouganda qui se charge de Wade. Il rappelle toutes ses guerres avec Kadhafi qui a armé contre lui tous ses ennemis (depuis 1976). N’oubliez pas, dit-il en substance, que dans cette salle, Kadhafi a cherché à nous pousser à créer un gouvernement de l’Union africaine il y a moins d’un an. Qui lui a fait face ? Museveni. Qui l’appelait «le Guide suprême» et le soutenait en demandant de créer ce gouvernement séance tenante ? «Le doyen Wade». Que le Président Wade comprenne que ce n’est pas l’Occident qui va partager les fruits de sa croissance ou les bénéfices faits sur la Libye. Qu’il sache que certaines de nos capitales qui manquent cruellement d’électricité ne seront pas pour autant alimentées quand l’OTAN arrivera à ses desseins en Libye. Dont act.
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