A
peine quelques jours se seront passés depuis la réunion qui a ouvert la voie à
la reprise des négociations entre l’Union européenne et la Mauritanie en vue
d’un nouvel accord de pêche, et voilà que les rumeurs les plus folles et les
informations les plus improbables sont savamment distillées par les lobbies
intéressés par la conclusion de cet accord. Lancées à partir de Vigo et de Las
Palmas, les rumeurs prennent l’ampleur d’informations avérées et sont
facilement reprises par les médias.
La
semaine dernière, une réunion technique a regroupé négociateurs mauritaniens et
européens à Bruxelles. La réunion qui a pris juste une journée a permis de
fixer la reprise des négociations début juillet (vers le 7) à Nouakchott.
L’évaluation technique de l’état d’avancement des dossiers litigieux a permis
de mieux appréhender l’avenir de ces négociations.
Comme
nous vous le disions (posting de mardi dernier), la question de l’apurement de
l’enveloppe «Appui sectoriel» a été réglée. Ce contentieux qui date de
janvier-février 2008, devait nécessairement trouver solution. Selon une source
du ministère des pêches, le contentieux sur l’appui sectoriel ne portait plus
que sur 6,5 millions euros. Il a été convenu d’utiliser cette somme dans la
construction du port de Tanit qui est un projet structurant dans le secteur des
pêches
Quant
aux discussions, rien, absolument rien n’a concerné une quelconque «concession»
de la Mauritanie, selon les négociateurs qui affirment qu’il n’a surtout pas
été question ni de la pêche céphalopodière, ni de la remise en cause des
fondamentaux de l’accord précédent (2012-2014).
La
partie mauritanienne considère que les céphalopodes et la sardinelle sont les
seuls produits qui peuvent être pêchés par les artisanaux mauritaniens. Le
souci est bien de les réserver aux opérateurs nationaux. D’ailleurs, la
décision prise il y a environ trois ans a été comparée à la nationalisation des
mises de fer en 1974, tellement sa portée économique et sociale était grande.
Jamais les Mauritaniens n’accepteront de discuter ce choix patriotique
historique. Quid des dérogations au profit d’opérateurs espagnols ?
Les
armateurs espagnols sont habitués à lancer des informations aussi farfelues que
celle annonçant l’autorisation de pêcher pour des céphalopodiers espagnols dans
les eaux mauritaniennes, ou encore la suspension de l’obligation de
débarquement dans les ports mauritaniens en contrepartie de la construction
d’un port spécial et l’autorisation pour eux de débarquer le pélagique à Las
Palmas en attendant.
Une
manière de faire pression pour influer sur les négociations et d’empêcher la
conclusion d’un accord équitable. Une fois encore, les armateurs espagnols
mêlent fantasmes, rumeurs et désinformations pour influer sur le processus de
négociation. Tout indique cependant qu’ils échoueront comme par le passé,
chacune des parties, Union européenne et Mauritanie, sachant ce qu’elle tire
comme profits de cette coopération qui doit nécessairement instituer un
commerce équitable et respectueux des impératifs du renouvellement de la
ressource.
Jusque-là, la Mauritanie et l’Union Européenne ont
travaillé ensemble. Ce qui a permis la conclusion du dernier accord de
partenariat dont les résultats sont évidents pour les deux parties. Et ce sont
les Espagnols qui y gagnent le plus, eux qui profitent de l’accord au titre
de quatre autres pêcheries qui ne sont pas les céphalopodes. On peut même aller
jusqu’à rappeler ici que si Tenerife n’est pas Lampedusa aujourd’hui, c’est
bien parce que quelque part la Mauritanie a efficacement combattu la migration
clandestine. Cela a son prix aussi.
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