B
comme Ben Ameira qui est un bloc de pierre situé à mi-chemin entre Nouadhibou
et Zouératt, à 393 km de la capitale économique qui se trouve à 650 km de la
capitale minière. C’est un monolithe, troisième du genre dans le monde (Uluru
et Mont Augustus en Australie), qui culmine à 550 mètres. Il serait, selon les
scientifiques, un morceau de météorite tombé ici il y a des millions d’années.
La nature de la roche diffère complètement de ce qui l’entoure. Non loin du
pic, un autre de la même nature mais plus petit appelé «Aysha Edhkhira» (Aïcha la
prestigieuse). On raconte dans la zone qu’une histoire d’amour aurait lié les
deux pics «étrangers», mais que la jalousie avait poussé le mâle (Ben Ameira) à
éloigner de lui celle qu’il aimait et à laquelle il tenait pourtant. Ce qui
expliquerait la distance qui les sépare et leur positionnement actuel l’un par
rapport à l’autre.
Après avoir été une grande attraction pour les
touristes étrangers, surtout pour les artistes du monde entier qui ont marqué
leurs passages de traces indélébiles gravées sur les parois du monolithe, Guelb
Ben Ameira est aujourd’hui un témoin silencieux des vaines tentatives humaines
de changer le cours des choses : ici le village qui a voulu être l’une des
plus grosses agglomérations de la zone, là la ceinture verte qu’on avait voulu
barrage aux vents et au désert… Ben Ameira n’est même pas une étape obligatoire
même s’il reste un passage obligatoire pour les trafiquants qui prennent la
voie tracée à travers le Tijirit et qui mène d’ici à la route
Nouakchott-Nouadhibou, au niveau de là où les humanitaires espagnols avaient
été kidnappés un certain 29 novembre 2009…
C
comme Choum, sans doute la plus grosse agglomération dans «le couloir», mot qui
désigne l’espace traversé par le chemin de fer reliant Zouératt à Nouadhibou.
Un arrondissement de l’Adrar qui vit au rythme des passages du train. Il y a
quelques années, Choum était un centre d’échanges où débarquaient la majeure
partie des voitures volées en Europe et réexportées à travers marchés marocains
vers la Mauritanie, le Mali et le Sénégal. De Nouadhibou, les voitures entrées
frauduleusement sont embarquées à bord du train et descendent à Choum pour
reprendre la route des marchés du sud par Atar et Akjoujt. La route
Nouakchott-Nouadhibou a ouvert un axe plus rapide et moins coûteux pour les
trafiquants. Les restaurateurs de Choum sont partis s’installer sur cette
route. Les mécaniciens, les commerçants d’occasion, les crieurs… tous ont
quitté le patelin qui est revenu à sa population d’origine faite de migrants et
d’autochtones qui n’ont d’autre choix que celui de rester. La sécheresse des
deux dernières années a lourdement affecté le cheptel. Des cas de malnutrition
sont signalés ici et là. Les populations d’ici n’ont pas l’habitude de se
plaindre, l’Histoire leur a appris à vivre du peu qu’elles ont.
La Fondation de la SNIM contribue considérablement à
améliorer leurs conditions de vie. Un abattoir, une centrale, des médicaments,
des fournitures scolaires et deux écoles… L’une de ces écoles a été construite
dans l’oued de Choum, à quelques kilomètres du village. Là où l’on avait cru un
jour pouvoir installer la nouvelle ville. Là où «meurt» a le plateau de l’Adrar
pour laisser place à un champ de dunes qui prend possession de la vie, là était
«l’oued de Choum», un projet resté à l’étape de projet. La Fondation, sur
demande de l’administration et de la Mairie, a implanté une école de …six
classes… pour seize élèves pour la plus optimiste des estimations.