J’ai
lu ce matin une dépêche qui disait que l’arrestation d’un syndicaliste à
Akjoujt a fait suite à une «directive venue de très haut». Ce seraient les propos tenus par une autorité locale
pour expliquer la procédure. Et de poursuivre que le syndicaliste en question
avait tenu des propos acerbes devant le ministre de l’intérieur lors de sa
visite qui a fait suite au décès de l’un des manifestants de la mine de cuivre.
Ce
qui importe ici n’est pas de savoir d’où est venu l’ordre d’arrêter le
syndicaliste, parce que l’arrestation elle-même est un acte qui ne peut être
justifié que par la loi. Mais cette explication de l’autorité locale qui
préfère parler de «directive venue de très
haut» plutôt que d’assumer. C’est une réplique que vous entendrez dans la
bouche d’un préfet, d’un Wali, d’un commandant de sous-groupement, mais aussi
dans celle d’un ministre, d’un secrétaire général, d’un chef de service, d’un
directeur… de tout agent de l’Etat, de tout responsable qui aura failli.
«Directive
venue de très haut». Imparable. Cette
attitude est dangereuse dans la mesure où elle dédouane ceux qui sont sensés
servir les usagers et exécuter les programmes. Elle est dangereuse aussi parce
qu’elle appartient à une ère que nous espérions révolue. C’est quand le
responsable administratif et/ou politique n’a aucune justification à donner, qu’il
décide de tout mettre sur le dos de «là-haut». Une sorte d’exutoire qui n’affranchit
pas cependant.
On
voit que le responsable en question n’attend aucun ordre pour donner un marché
à un ami ou à un parent, ni pour nommer un proche ou le promouvoir… On le voit
à l’œuvre quand il veut en profiter, il n’est pas question d’attendre «là-haut»…
C’est
vrai qu’avant on disait simplement «là-haut» et que maintenant on dit
visiblement : «directive venue de très
haut». C’est pour bien spécifier que c’est un ordre de la Présidence ?
Est-ce que le conseiller en communication ne pourrait pas user d’un droit de
réponse pour dire ce qu’il en est ?