jeudi 23 janvier 2014

La prudence quand il le faut

Vous aurez tous lu que «selon des informations publiées par un journal arabe reprenant les propos d’un haut responsable éthiopien, la Mauritanien serait sur le point de prendre la présidence de l’Union Africaine». Vous aurez certainement apprécié que l’on mette tant de prudence à annoncer une information de ce genre parce qu’il faut être sûr de ce qu’on dit et si l’on n’est pas sûr, il faut dégager sa responsabilité en citant sa source. On ne sait jamais.
En bons journalistes, nous avons tous pris la précaution de vous dire d’où nous vient la nouvelle que nous publions d’ailleurs au conditionnel. Pourtant, la règle de la rotation fait que tout le monde savait, et depuis longtemps (au moins un an), que le tour de la présidence de l’UA revient à la Mauritanie à partir de la fin de janvier 2014.
Et si on faisait montre de prudence quand on annonce des informations beaucoup moins évidentes, moins vérifiées et donnant lieu à plus de réactions ?
Vous avez lu comme moi que le forum qui devait se tenir sous la présidence du ministre saoudien des finances à Nouakchott pour se poursuivre à Nouadhibou, que ce forum a été reporté sine die. Jusqu’à tout de suite (jeudi 23/1/2014, 17 :50mn), le forum doit se tenir à Nouakchott et sera ouvert solennellement par le Président de la République alors que sa présidence reviendra au ministre saoudien. Ce sera ce dimanche 26 janvier au Palais des Congrès.
Pendant que les uns fêtent ces «victoires» que constituent le report sine die et l’annulation du financement (sic) de la centrale de la SOMELEC «pour cause de corruption», rappelons-nous que depuis 1971, la Mauritanie n’a pas présidé l’UE. A l’époque le Président Moktar Ould Daddah avait réussi à faire tenir une session du Conseil de Sécurité à Addis-Abeba pour parler de l’Apartheid et de la Rhodésie. Il avait amené les pays africains à prendre leur distance vis-à-vis d’Israël et à appuyer la cause arabe.
Quelques décennies après nous avons tourné le dos à notre versant africain, le pays a fini lui-même par reconnaitre Israël, par sortir de la CEDEAO, par faire la gueule à tous ses voisins du Sud…
Depuis quelques années, le Président mauritanien ne manque pas une occasion de se renouer avec l’Afrique noire. Président du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), il a reçu plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements à Nouakchott qui a recommencé à recevoir des présidents de l’Afrique de l’Ouest et pas seulement. La coupure des relations avec Israël nous a rapprochés sans doute de nos frères arabes. Mais tout cela ne suffit pas pour reprendre la place qui nous revient et qui doit être celle de trait-d’union entre l’Afrique au Sud et au Nord du Sahara. Si, à un moment donné l’argent libyen et la politique de Kadafi avaient parasité le redéploiement diplomatique de la Mauritanie, aujourd’hui rien n’empêche le pays de revenir dans son environnement naturel. Cette présidence doit servir à renforcer nos relations avec le Sud pour envisager le retour au sein de la CEDEAO, pourquoi pas ?