lundi 20 janvier 2014

La nouvelle vie d’Al Qaeda

Qui a dit que la lutte contre le terrorisme, contre Al Qaeda en particulier, a réussi à endiguer le phénomène ? Il y a eu certes quelques victoires, notamment la neutralisation de grands chefs dont le plus célèbre de tous Usama Ben Laden et quelques autres grosses pointures de la nébuleuse. L’utilisation excessive des drones et des bombardements parfois aveugles, provoque de nombreux dommages collatéraux qui ajoutent à la haine que les populations nourrissent vis-à-vis des Occidentaux. Un cercle vicieux, les assassinats ciblés exacerbant les colères et favorisant de nouveaux recrutements de combattants.
Quand a lieu l’attaque du 11 septembre 2001, ce fut l’occasion de lancer «une guerre globale» qui a permis à l’Amérique de la bande à Bush de repartir à la conquête du monde pour en contrôler les richesses et les réseaux financiers. L’occupation de l’Afghanistan, puis de l’Irak et le chao qui s’en est suivi dans tous les pays arabes et musulmans de la région asiatique et africaine.
Depuis le départ de George W. Bush et de sa bande d’excités impérialistes, les Etats-Unis se sont retirés de l’Irak, en partie de l’Afghanistan, entamé un dialogue avec les franges «modérées» de l’Islamisme militant, encouragé et accompagné certaines «révolutions populaires», promis de fermer Guantanamo, tué Ben Laden et quelques-uns des chefs d’Al Qaeda… sans pour autant arriver à bout de l’activité de l’organisation. Au contraire.
Du Sahel au sud-est asiatique, voire en Europe et en Amérique, la nébuleuse continue à tisser ses toiles, à mobiliser, à recruter, à avoir des émules qui épousent ses méthodes et la philosophie de son combat. Qu’on parle ici ou là de «loups solitaires», d’«associations en vue d’activités terroristes», le résultat est le même : une menace constante d’opération kamikaze de plus ou moins grande envergure ici ou là. Une manière de perturber la quiétude des Etats et des sociétés.
Il y a quelques années, Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) menait des actions en profondeur en Mauritanie, enlevant ici et assassinant là, sans discernement mais toujours méticuleusement. La réhabilitation des forces armées et de sécurité et leur remise à niveau a permis à la Mauritanie justement de mettre fin à cette situation de menace constante. La réactivation de bases aux frontières, la création de groupements spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, l’engagement sur le terrain d’opérations réussies contre les groupes armés dans le Nord du Mali, la délimitation de zones militaires interdites, la surveillance accrues de ces frontières, la mise en collaboration des populations dans le renseignement humain… le tout a permis aux Mauritaniens d’éviter d’être «happés» par le chao malien et de devenir un sanctuaire alternatif aux groupes criminels installés dans l’espace sahélo-saharien.
L’intervention française au Nord Mali a certes permis à ce pays de recouvrer sa souveraineté sur une bonne partie de son territoire, mais au fond elle n’a pas réglé l’essentiel : la rébellion et l’activisme des groupes criminels dans la zone. Un travail de profondeur reste à faire et seuls les Maliens peuvent eux-mêmes l’entreprendre avec l’aide des pays du champ. C’est probablement le sens des dernières sorties du Président Ibrahim Boubacar Keita du Mali qui s’est rendu successivement en Mauritanie et en Algérie.
Il y a un an - un peu plus – le groupe Belmokhtar menait une action d’éclat à Aïn Amenas en Algérie. Une opération qui devait aboutir à un bain de sang sans précédent et qui a permis à l’organisation AQMI – à sa branche saharienne – d’occuper la scène médiatique quelques jours durant. Ces actions ont certes pour objectifs de faire mal à l’ennemi en démontrant qu’on existe encore, mais aussi d’attirer de nouvelles recrues. Combien de Jihadistes ont-ils été recrutés depuis ? quelles nationalités ouest-africaines ? combien d’Européens et d’Américains sont-ils venus suivre l’exemple des Canadiens ? et surtout, la grande question : à qui le tour ? quel pays sera visé prochainement ? où AQMI va-t-elle faire preuve de puissance ? et de quelle manière ?

Des questions qu’il faut poser tant que le sort des chefs d’AQMI n’est pas définitivement connu…