lundi 7 mai 2012

Par la faute d’un médecin


Le jeune enfant du propriétaire de l’immeuble où se trouvent nos bureaux, vient de vivre une expérience, pour le moins risquée. Il avait été opéré il y a peu à Boutilimitt pour une appendicite. Sortie plutôt normale de l’hôpital. Mais quelques jours après il y revient en urgence à cause de fortes douleurs et des vomissements continus. Il est évacué à Nouakchott où il est admis en urgence à l’hôpital. Le chirurgien diagnostique l’existence de corps étrangers autour de ses instincts. L’opération est immédiate. On découvre du kleenex et des pansements «oubliés» apparemment par celui qui lui avait fait l’opération à Boutilimitt… Il est, heureusement, sauvé. Mais ses parents sont sidérés devant l’absence de réaction du chirurgien de Boutilimitt qui a pourtant été averti par son collègue de Nouakchott. Erreur anodine…
Il ne se passe pas de semaine sans qu’on vous parle d’une erreur similaire ou pire. Les erreurs de diagnostics ne comptent pas non plus. Ce n’est pas la compétence qui est ici en cause. Nos médecins ont reçu les meilleures formations. Certains d’entre eux sont très bien classés au sein de leurs promotions. Je crois que c’est la responsabilité et la conscience qui sont en cause.
L’exercice dans le privé d’un horaire qui vous prend huit heures par jour (au minimum), ensuite dans le public (huit heures aussi) diminue considérablement les facultés, la concentration et le sérieux de la consultation. L’empressement à faire passer le maximum de malades compromet sérieusement le travail. Tout comme les pressions d’ordres social, politique, humain… celles de tous les jours.
Mais c’est surtout l’absence de sanction qui est le facteur premier de l’inconscience. En effet, on a (très) rarement vu un médecin traduit devant la justice pour un mauvais diagnostic, de mauvais soins ou un comportement inhumain. Pourtant, des manquements on en voit au quotidien. Mais les arrangements sociaux, la résignation «naturelle» du Mauritanien, la force des praticiens, tout fait que le citoyen lambda n’a pas la force de s’adresser à la justice pour faire payer le moment d’irresponsabilité et d’inconscience au médecin. LE jour où l’on verra deux, trois procès engagés pour punir ce moment d’irresponsabilité, je suis sûr que le taux des erreurs diminuera considérablement. Il n’y a rien de pire que l’impunité… en tout.