dimanche 11 décembre 2011

Messages brouillés de Gérard Longuet


Je n’ai pas assisté à la conférence de presse donnée par le ministre français de la défense, Gérard Longuet. Je l’ai cependant écouté. Et j’ai compris pourquoi tous mes confrères en sont revenus surpris, voire désemparés.
«La sécurité vient avant le développement», ce serait la conviction du ministre français. Alors que toutes les dérives qui ont détruit nos pays viennent de là. Le premier prétexte utilisé par les dictatures en Egypte, en Tunisie, en Syrie, en Libye et ailleurs a été celui-là : on ne peut rien lâcher parce qu’il y a l’insécurité qui menace. Rien de moins sûr que cet argument. On objecterait aisément au ministre français que le développement est le seul garant de la sécurité et de la stabilité.
Quand on lui pose une question sur le soutien à la Mauritanie qui fait énormément d’efforts sur le front de la lutte contre le terroriste, c’est par une formule autour de «la ressource halieutique importante» qu’il répond. C’est vrai que c’est pour dire qu’ils sont prêts à aider la marine. La vraie menace arrive du Sahara.
A la question sur les armes libyennes, «notre ami» Longuet explique que des stocks d’armes existaient en Libye parce que quelqu’un voulait s’en servir. Ce n’est pas la faute de la France si elles ont été disséminées parce que le peuple libyen en a décidé ainsi de peur de les voir utilisées contre lui (sic).
Pour le Mali… il faudra attendre les élections prochaines. Il y aurait une quinzaine d’occidentaux retenus en otages au Sahel, on n’en connait que 11 : les trois français d’Areva, les deux de Hombori, les trois touristes de différentes nationalités de Tombouctou, les deux espagnols et l’italien de Tindouf.
Il est très difficile d’en tirer quelque chose. Pourtant il a parlé pendant 25 minutes. Il n’a pas dit qu’il aura un entretien en tête-à-tête avec son homologue de Libye qui rencontrera aussi, dans les mêmes conditions, le ministre italien. Rien ne va filtrer de ces rencontres mais on peut supposer que ce sera l’occasion pour les deux principaux pays engagés dans la guerre de Libye, de présenter la facture au tout nouveau gouvernement libyen. Supposition qui vaut ce qu’elle vaut. En tout cas beaucoup moins que ce que la Libye devra payer aux puissances de l’OTAN engagées dans ses espaces.
De ce que j’ai entendu, je tire chapeau à mon rédacteur en chef, Kissima Diagana s’il arrive à en confectionner un papier.