mardi 17 janvier 2012

Tasiast-Kinross doit mieux faire


Voilà une mine qui est visiblement en passe de devenir parmi les cinq plus importantes du monde, la première d’Afrique probablement. Mais dont les retombées sur la Mauritanie restent en-deçà de ce qui est justement attendu. Je ne parle pas du niveau des royalties qui, même s’il a augmenté, est encore faible. Ni des emplois, ni des marchés…
La société est venue exploiter une mine à ciel ouvert, en plein désert mauritanien. Dans une région cependant où existent déjà quelques infrastructures dont la route Nouadhibou-Nouakchott, quelques stations de radar de surveillance maritime sur la côté, un ou deux points de santé dans le Banc d’Arguin, quelques sondages d’eau douce… Elle n’a rien ajouté en terme d’infrastructures à cet environnement qu’elle exploite avec «boulimie».
Première constatation : les expatriés de la société habitent sur les Iles Canaries où ils ont loué, nous dit-on, 362 bungalows et les services d’une aviation privée pour assurer les va-et-vient des équipes entre les Iles et l’usine à Tasiast. C’est là-bas qu’ils achètent ce qu’ils mangent, ce qu’ils consomment en général, qu’ils dépensent leur fric… On peut imaginer ce que cela aurait pu être si l’on avait exigé de la société de construire, quelque part sur les belles côtes d’en face, un site, un campement où les Mauritaniens pourraient proposer tout ce dont un expatrié peut avoir besoin, y compris l’alcool, les casinos… La Mauritanie y gagnerait au moins, la présence sur son sol de dizaines d’experts, de cadres, probablement de leurs familles qui auront besoin de la construction d’un hôpital qui pourra traiter les populations environnantes, d’écoles qui pourraient accueillir les enfants des cadres mauritaniens de la société, de la construction de routes-bretelles reliant la côte à la route Nouadhibou-Nouakchott… et, à la fin, pouvoir récupérer un village en entier comme ce fut le cas pour le «camp raffinerie», «cité IMAPEC», «Cansado», «Mendes»… Mais rien, juste des gens qui quittent la grande île en début de semaine pour venir exploiter une richesse et revenir, sans laisser de trace… Cela fait la fortune des îles espagnoles qui ne sentent pas de plein fouet la récession qui frappe le reste du pays.
Par ailleurs, on nous dit que Tasiast-Kinross lance bientôt la construction d’un chemin de fer qui reliera Boulenouar au lieu de l’exploitation. Ce sera la fin des allées et retours des camions conduits par des mauritaniens, appartenant à des Mauritaniens et loués par eux à la société… et donc la fin de centaines d’emplois de chauffeurs, d’apprentis, de gardiens et finalement de tout ce qui vit là-dessus. Pourquoi ne pas amener la société à construire une double-voie sur les deux cents kilomètres qui séparent le lieu de l’exploitation du port de Nouadhibou qui est le port d’exportation ? Plus simple et plus bénéfique pour la Mauritanie, non ?