Serge Lazarevic est libre ! il est le dernier otage français
retenu dans le monde. Ce Français de 50 ans a été enlevé en 2011 au Mali par Al
Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), plus précisément le bataillon touareg de la
mouvance. Un bataillon dirigé par Abdel Kerim Targui, responsable de l’assassinat
de l’otage Miche Germaneau en juillet 2010.
Serge Lazarevic est le dernier d’une série «sahélienne» qui
a commencé avec Pierre Camatte, enlevé en 2009 et libéré en 2010 à la suite d’un
marchandage qui a permis, en plus du versement d’une rançon, la libération de
deux terroristes recherchés l’un par la Mauritanie, l’autre par l’Algérie. Ce qui
avait, à l’époque, détérioré les relations des deux pays avec le Mali. Le retrait
des ambassadeurs des deux pays a sans doute accentué l’isolement du régime
Amadou Toumani Touré au pouvoir à l’époque au Mali. Accélérant inévitablement
la déconfiture de l’Etat malien qui s’est retrouvé subitement seul face aux
groupes terroristes et aux bandes du crime organisé qui avaient réussi é
pénétrer le cœur du pouvoir à Bamako.
En septembre 2010, 5 Français travaillant au Niger pour le compte d’Areva,
le géant de l’uranium, sont enlevés. Alors que deux Français sont assassinés
aux termes d’une prise d’otages qui a mal tourné en janvier 2011 à Niamey au
Niger. En novembre 2011, ce sont deux autres Français, Serge Lazarevic et
Philipe Verdon qui sont enlevés à Hombori au Mali. Le corps de ce dernier est
retrouvé en juillet 2013, criblé de balles et abandonné par ses
assassins-ravisseurs. Le 20 novembre 2012, le Français Gilberto Rodriguez Leal
est pris à Djéma au Mali. Sa mort a été annoncée par le Mouvement de l’unicité
et du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) en avril 2014. Pour finir avec le
drame qui a coûté la vie à nos deux confrères de RFI, Ghislaine Dupont et
Claude Verdon le 2 novembre 2013, au lendemain de la libération des otages d’Areva.
Pour ne parler que du prix humain payé par la France dans la zone sahélienne
qui est la nôtre.
Sur le plan financier, les otages auraient rapporté à leurs
ravisseurs plus de 58 millions d’euros depuis 2008. La France qui dit ne pas
payer de rançon, pousse parfois ses sociétés publiques, parfois ses alliés
(Etats africains, Qatar…) à payer pour ses ressortissants. Ce qi revient au
même, l’argent ainsi collecté servant à armer les bandes criminelles, à leur
permettre de recruter, de financer des actions d’envergure, de s’entretenir et
de se donner l’étoffe des héros.
Combien a coûté la libération de Serge Lazarevic ?
C’est la question que tout le monde se pose. Les autorités françaises préférant
mettre en avant le rôle «ô combien déterminant» des alliés locaux
(Présidents du Niger et du Mali, intermédiaires tribaux…). Mais l’on sait
cependant que plusieurs terroristes ont recouvert la liberté. Parmi eux les
instigateurs du rapt de l’ex-otage qui, pour l’enlever, ont dû tuer l’un des
gardiens et qui sont aussi cités dans plusieurs affaires criminelles. Ce qui
met en exergue le malaise ressenti au Mali qui se trouve obligé, encore une
fois, à plier pour répondre aux desideratas de l’ancienne colonie. Oubliant que
telles pressions participent à l’affaiblissement de l’autorité des Etats et à
leur délégitimation auprès des populations.