samedi 15 juin 2013

Un bout de route

Il y a quelques semaines, le ministre de l’équipement Yahya Ould Hademine rapportait aux téléspectateurs de TVM cette réflexion (acide) des «gens de Mederdra» qui disaient : «Le ministre a bien dit quand est-ce que la construction de la route commence mais n’a pas précisé quand est-ce qu’elle se termine». On pouvait le dire autrement : «On sait combien la construction de la route va durer (18 mois) mais pas quand est-ce qu’elle va commencer». Depuis cette sortie, quelques quatre kilomètres ont été goudronnés alors que les travaux s’accélèrent sans doute pour pouvoir faire le maximum avant le pic de l’hivernage (septembre). On dit là-bas que parce qu’il n’y a pas de voie de dégagement, la société est obligée de finir rapidement ce qu’elle a commencé sinon elle risque de bloquer la circulation.
C’est une route qui a fait couler beaucoup d’encre, qui a même occasionné des heurts inutiles et des polémiques excessives.
Entre ceux des cadres bien repus, installés à Nouakchott, ne venant à Mederdra qu’à des occasions pour parader dans leurs rutilants 4x4 et les jeunes conscients des difficultés quotidiennes des populations, entre eux la fracture a été très forte.
Un jour ou l’autre, les autorités politiques devront se résoudre à comprendre que l’ère de l’intermédiation politique est finie. Depuis que les grands leaders de la politique locale ont abandonné le terrain, il n’y a pas eu de relève. Il ne peut pas y en avoir d’ailleurs. N’importe qui n’est ni Baba Ould Sidi ni Bebbaha Ould Ahmed Youra ou n’est pas Baba Ould Sidi et Bebbaha Ould Ahmed Youra qui veut… je ne sais pas comment dire mais vous aurez compris ce que je veux dire…
On peut sans doute faire sans l’oligarchie traditionnelle locale. Mais pas avec le matériau actuellement utilisé. Le parti au pouvoir n’a aucune chance de gagner une élection si la gestion des affaires locales continue à être confiée à des novices qui plus est sans envergure.
Il en va de Mederdra comme de Kobenni, de Kaédi, de Tintane, de Zouératt, de Boutilimitt, d’Aleg, de M’Bout, de Sélibaby… de partout. La scène politique mauritanienne est «kersha mesloul ‘oud’ha», une sorte de situation chaotique où les déterminants ne sont pas visibles et où les processus de transition sont illisibles. Et comme pour compliquer d’avantage la situation, on refuse l’émergence d’une nouvelle classe ‘activistes autonomes (à Mederdra, on a réprimé les velléités d’une jeunesse qui agit dans un cadre associatif pour sortir des logiques existantes).

Cela risque de profiter fatalement à l’organisation politique la plus structurée, celle qui sait travailler – qui travaille déjà – en sous-terrain et qui mène une action soutenue par des moyens sérieux et un discours plutôt «convenable»…