Au
juste, que veulent les acteurs politiques ? Voyons voir.
A
suivre la conférence de presse de la COD l’autre jour, on n’a pas de réponse. A
force de vouloir tout et tout de suite, la Coordination de l’opposition a fini
par ne rien vouloir avec précision, ne rien vouloir du tout. Le communiqué
exprimait différentes positions en même temps.
La
première exigeant le départ de Ould Abdel Aziz. La seconde demandant la
constitution d’un gouvernement de consensus avec lui. La dernière fixant
quelques conditions techniques sans lesquelles les élections ne peuvent être
transparentes. Et dans son discours, le nouveau président de la COD, Jemil Ould
Mansour de Tawaçoul nous apprend qu’il n’est pas question de laisser passer les
élections si les conditions de transparence ne sont pas remplies. «Nous allons empêcher leur tenue», a-t-il
dit. Comment ? On suppose que ce n’est pas tout simplement en organisant
des manifestations «autorisées» et «pacifiques», lesquelles ne peuvent en
rien gêner le déroulement du scrutin.
Au
cours de cette conférence de presse, le podium était occupé par Ahmed Ould Sidi
Baba du RDU, président sortant de la COD, à sa gauche Ahmed Ould Daddah du RFD,
Saleh Ould Hanenna de Hatem, à sa droite Jemil Ould Mansour, puis vient Mohamed
Ould Maouloud… Des hommes dont les visions, les cursus, les lectures de la vie,
les réflexes, les appréhensions, les prédispositions, les fondamentaux, les goûts…
ne sont absolument pas les mêmes et sont même, des fois, diamétralement opposés.
Comment accepter pour eux une stratégie convergente pour quelque raison que ce
soit ? On comprend que ce qui les unit c’est l’aversion d’un pouvoir et de
celui qui l’incarne, Mohamed Ould Abdel Aziz. On voit alors qu’il s’agit d’une
tactique de conjoncture qui vaut ce qu’elle vaut mais qui est appelée à durer
le temps de laisser resurgir les différences.
La
Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP) n’est pas plus «claire» dans ses démarches. On se
rappelle que si le dialogue inclusif a échoué, c’est parce qu’une partie de la
COD avait choisi d’y aller sans vraiment insister auprès de ses pairs. Pour ne
pas être excessif, nous allons dire que c’est un manque de volonté et non une
volonté délibérée de laisser au bord de la route une partie de la COD, qui a
donné le résultat qu’on sait.
Le
Président Messaoud Ould Boulkheir qui s’emballe (et se passionne) pour le
processus de dialogue. Qui obtient ce qu’il voulait (et ce que voulaient
ses compagnons) : de grandes réformes politiques et institutionnelles, avec en
prime la mise à l’écart de certains de ses concurrents immédiats, compagnons de
route par moments. Le Président Ould Boulkheir qui salue la mise en œuvre de l’accord
entre les deux parties, assiste à la promulgation des lois issues du dialogue,
s’élève un moment contre toute idée de «nouveau
dialogue» et qui revient ensuite pour proposer une «initiative de sortie de crise». Comme si tout ce qu’il a entrepris
jusqu’à présent relevait de l’inutile.
La
Majorité quant à elle n’a même pas de visibilité sur la scène actuelle. L’Union
pour la République (UPR) qui en est leader se rappelle de son existence quand
il s’agit de publier un communiqué, souvent lapidaire et vindicatif, parfois
hors sujet. Comme le communiqué de l’autre jour qui demandait au gouvernement d’agir
pour alléger la souffrance du consommateur. Ne le fait-il pas déjà ? Des communiqués
qui ont souvent l’allure d’articles polémiques, écrits à la hâte pour faire
diversion, soit sous forme de papiers signés par le service de communication,
soit de déclaration du secrétaire exécutif chargé de la politique. Dans l’un et
l’autre des cas, des sorties qui ajoutent à l’illisibilité du rôle et du
positionnement.
Au
milieu de tout ça, il y a la CENI qui a donné l’impression d’avoir trouvé le
filon en décrétant un deadline pour les élections. Cela fait deux semaines (un
peu plus). Qu’est-ce qui a été fait depuis ? Rien. Les délais courent
pourtant. Le RAVEL (recensement à vocation électorale) n’a pas été lancé alors
qu’il nécessite trois mois. Les discussions avec les partis politiques et les
protagonistes en général, n’ont pas été entamées. Aucune opération de
communication n’a accompagné l’annonce de la date des élections. Est-ce l’âge
qui bloque ? est-ce la méconnaissance du terrain politique ? est-ce
la peur des acteurs ? On ne sait pas encore. Par contre, on voit et on
sait que cette honorable institution semble tétanisée. Elle est incapable de donner
signe de vie depuis sa dernière sortie.
Au
fait, nous sommes en droit de nous demander ce que veulent nos politiques. Parce
que leurs positionnements manquent de lisibilité (de visibilité pour certains).
La crise, la vraie, commence ici.