L’autre jour, en sortant d’une cérémonie au Palais des Congrès, j’ai été interpellé par des policiers (un brigadier et deux agents) qui m’ont dit combien ils se sentaient «abandonnés par tous». Par les autorités qui leur ont «tout pris de ce qui faisait la profession : le contrôle routier, le contrôle de l’immigration, les passeports…» Et de conclure : «C’est comme si on ne servait plus à rien».
Dangereux quand les éléments de la police nationale sentent qu’ils ne servent à rien. Dangereux aussi de les mettre progressivement et inéluctablement à la marge. Parce que quoi qu’on dise, la police mauritanienne est un élément essentiel du dispositif sécuritaire du pays. C’est en elle qu’on retrouve les meilleures expertises en matière de suivi des dossiers liés à sa sécurité et/ou à sa stabilité. L’état de corruption qu’on a reproché à un moment au corps relève d’un tout qui, lui, est résultat d’une méthode de gouvernement que l’on espère révolue. La police a aujourd’hui son statut. Les conditions de travail ont été améliorées. Le champ du contrôle routier, source première de la corruption, lui a été pris. Mais la police reste indispensable pour le dispositif.
Quand on parle d’état civil et surtout d’élaboration de cartes d’identité et de passeports, la police est indispensable dans la gestion du fichier de base. C’est seulement elle qui peut et qui doit gérer la base de données. Laissant à l’agence le rôle de la collecte et de la production des documents. Pour satisfaire le souci sécuritaire, il n’y a que la police qui soit habilitée à gérer le back-office de l’Agence pour la sécurisation des documents de l’état civil.
De multiples postes-frontières sont en passe d’être inaugurés sinon en cours de construction. Le plus important de ces ouvrages est celui en construction à Rosso, supervisé par l’OIM (organisation internationale des migrations) sur financement de l’Union Européenne. Tous ces postes seront dotés de moyens modernes de contrôle et d’enregistrement.Tout cela participe à la sécurisation des frontières du pays, à la lutte contre l’immigration et à l’identification des populations vivant sur le territoire mauritanien. Mais, vérité qui doit être répétée, tout cela ne peut se faire sans la forte implication de la police qui doit nécessairement rester le pivot du dispositif sécuritaire du pays.
Le sentiment exprimé par des policiers rencontrés au hasard peut-il être un état d’esprit régnant dans ce corps aujourd’hui ? c’est la question qu’il faut poser et c’est la situation qu’il faut absolument éviter.