La
lettre remise par les délégués des travailleurs grévistes au Maire de Zouérate,
Cheikh Ould Baya peut bien constituer la base d’un règlement de la crise qui
secoue la région depuis plus de deux mois. En effet, ce qui a été publié
aujourd’hui, est une proposition faite par les travailleurs et qui doit être
transmise à la direction de la SNIM en vue d’aboutir à un accord permettant le
retour de tous les travailleurs à leurs postes. Il s’agit d’une sollicitation
de la part des délégués qui vise à impliquer le Maire de la ville dans la
recherche d’une solution.
Cheikh
Ould Baya s’est tenu à l’écart de la crise face à laquelle pourtant il ne
pouvait rester indifférent. Rien que parce que la ville vit de la SNIM et des
entrées des travailleurs. Toute perturbation est préjudiciable au circuit
économique du microcosme de Zouérate. D’autant plus que les travailleurs et
leurs familles sont pour la plupart des soutiens du Maire. Il ne peut donc les
laisser vivre une telle crise sans tenter quelque chose.
Il
y eut une première tentative quand les délégués avaient demandé à rencontrer le
Maire pour lui demander d’intercéder et pour lui faire entendre leurs
doléances. L’interférence d’une délégation prétendument envoyé par la
Présidence allait détourner l’attention pour une bonne semaine. Il fallut
attendre la déclaration officielle du Président de la République indiquant
qu’il n’avait jamais délégué personne pour reprendre le chemin normal de la
solution de crise. Celui qui passe par le Maire de la ville.
Fin
négociateur, Cheikh Ould Baya saura trouver les arguments auprès des uns et des
autres pour rapprocher les points de vue. En gros, dans leur lettre, les
délégués demandent un accord autour du retour sans condition au travail de tous
les grévistes et donc l’abandon de toutes les mesures prises à leur
encontre ; le paiement des deux mois passés et celui d’avril si la
production dépasse le million de tonnes ; et enfin l’ouverture d’un
dialogue entre l’entreprise et les travailleurs dans les quarante-heures qui
suivent la reprise de travail. C’est
l’essentiel des termes d’accord proposés par les délégués. Ce ne sera pas
facile de convaincre la direction de l’entreprise d’absoudre tous les auteurs
d’agitation, mais Cheikh Ould Baya a la ressource pour ramener tout le monde
vers un consensus. Seulement il doit faire face à l’éventualité d’interférences
externes et de pressions médiatiques qui seront exercées sur les délégués pour
les pousser à la rupture. Il s’agira pour lui d’éviter que le rôle de tels
déterminants extérieurs ne soit décisif.
En
attendant, le Maire de Zouérate a associé dans sa démarche l’ensemble de ce
qu’il considère être «des partenaires» : tous les délégués
régionaux des syndicats, mais aussi les représentants des partis politiques au
niveau de Zouérate (APP, Tawassoul, AJD/MR, Wiam…). Ce qui lui donne une chance
de plus d’être au moins dans la position du facilitateur intéressé seulement
par la cohésion, l’harmonie et la normalisation de la vie dans sa commune. Il
lui sera facile demain, si les délégués se radicalisent, de rendre compte du
déroulement des négociations avec témoins à l’appui. Le hic étant les fuites
organisées par voie de presse à partir de certaine pôles impliqués dans la
négociation. Nous n’avons peut-être pas idée de ce que les fuites et les
mauvaises (ou fausses) interprétations peuvent compromettre un processus de
dialogue.
Prenons comme exemple le processus de dialogue qui
s’ouvre formellement jeudi prochain (02/04), la feuille de route qui doit être
remise par le FNDU à la Majorité, a déjà été publiée par la presse depuis des
semaines. La primeur a été donnée au grand public avant même que le document ne
soit remis à qui de droit. Les médias sont effectivement un outil, un élément
et une arme qui peuvent être utilisés pour torpiller un processus donné. En
déballant sur la place publique ce qui devait rester au niveau des
négociateurs… responsables. A qui la faute ?